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CHAPITRE XXXIV.

propos d’amour.


Oui, Pédro, venez ici avec le masque et la lanterne, l’échelle de corde et les autres outils qu’on manie au clair de la lune. Eh bien ! jeune étourdi, tu peux tromper la vieille duègne, flatter la femme de chambre et corrompre le valet ; mais sache que moi, père de la jeune fille, je joue le rôle d’un gryphon, sans repos et sans sommeil ; que, le cœur fermé à toute séduction et à tout salaire, je garde le trésor caché de sa beauté.
Dryden, Le Moine espagnol.


Le cours de notre histoire nous reporte au château de Lochleven, où nous reprendrons la suite des événements depuis le jour remarquable où Dryfesdale en a été renvoyé. Il était midi sonné, heure habituelle du dîner ; cependant rien ne semblait préparé pour le repas de la reine. Marie elle-même était retirée dans son appartement, où elle était occupée à écrire. Sa suite, réunie dans le salon, était fort disposée à faire ses remarques sur le retard du dîner ; car on peut se rappeler que le déjeuner avait été interrompu. « Je crois, sur mon honneur, dit le page, que voyant le peu de succès du poison, et craignant de s’adresser encore à un mauvais marchand pour faire leur emplette mortelle, ils veulent essayer maintenant de nous faire mourir de faim. »

Cette observation alarma tant soit peu lady Fleming ; mais elle se rassura en observant que la cheminée de la cuisine avait fumé toute la matinée d’une manière qui prouvait que cette supposition n’avait pas de fondement. Catherine Seyton s’écria soudain : « Les voilà qui traversent la cour avec les plats, précédés par lady Lochleven, parée de sa haute et raide fraise, de son tour de cou, de ses manches de gaze, et de son ample robe de velours cramoisi à l’ancienne mode.

— Je crois, sur ma foi, » dit le page s’approchant aussi de la fenêtre, « que c’est la même robe avec laquelle elle fit la conquête de l’aimable roi Jacques, et qui procura à notre pauvre reine un si bon frère.