Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 14, 1838.djvu/353

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— Est-il vrai, le ferez-vous, en vérité ? » dit Catherine en prenant sa main à son tour ; « ayez seulement autant de fermeté d’esprit que vous avez de hardiesse et de détermination ; gardez la foi jurée, et les âges futurs vous honoreront comme le sauveur de l’Écosse.

— Mais quand j’aurai travaillé avec succès pour obtenir Lia, c’est-à-dire l’honneur, vous ne me condamnerez pas ô ma Catherine, à un nouveau bail de services pour obtenir Rachel, c’est-à-dire votre amour ?

— Nous aurons bien le temps de parler de cela, » dit Catherine en retirant encore sa main qu’il avait saisie ; mais la gloire est la sœur aînée, et il faut la gagner la première.

— Je pourrais bien ne pas réussir ; mais j’essaierai de toute mon âme ; il n’est pas au pouvoir de l’homme de faire plus. Et sachez, belle Catherine, car vous saurez la plus secrète pensée de mon cœur, que non seulement l’honneur, non seulement son aimable frère, dont il m’est défendu de parler, mais que l’ordre sévère du devoir m’ordonne de coopérer à la délivrance de la reine.

— En vérité, jadis vous aviez des doutes à ce sujet.

— Oui, mais sa vie n’était pas menacée alors.

— Est-elle donc plus en danger maintenant ? » demanda Catherine Seyton avec effroi.

« Ne vous effrayez pas ; mais vous avez vu la manière dont se sont séparées votre royale maîtresse et la dame de Lochleven.

— Trop bien, que trop bien : hélas ! faut-il qu’elle ne puisse gouverner son ressentiment royal, et s’abstenir de reparties aussi mordantes !

— Il a été dit là une de ces choses qu’une femme ne pardonne jamais à une femme : j’ai vu le front de la dame pâlir, puis noircir, quand, en présence de tous ses serviteurs, et armée de toute sa puissance, la reine l’humilia, la réduisit en poussière en lui reprochant sa honte, et j’ai entendu le serment de rage et de vengeance mortelle qu’elle a murmuré à l’oreille d’un homme qui, à en juger par sa réponse, ne sera que trop disposé à la servir.

— Vous me glacez d’effroi !

— Ne le prenez pas ainsi ; appelez à vous ce qu’il y a de vraiment mâle dans les forces de votre âme. Nous renverserons et nous détruirons ses projets, quelque dangereux qu’ils soient. Pourquoi me regardez-vous ainsi en pleurant ?

— Hélas ! je vous vois plein de vie et de santé, dans tout l’en-