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— Cela serait trop violent, répondit Douglas ; et d’ailleurs, ainsi que je vous l’ai dit, la porte de son appartement est fermée et verrouillée. Je vais encore essayer de l’éveiller. »

Græme comprit aussitôt que les dames, s’étant aperçues qu’il était dans le jardin, avaient fermé la porte de la chambre extérieure dans laquelle il couchait ordinairement, faisant en quelque sorte sentinelle, puisqu’il n’y avait que ce seul accès pour arriver aux appartements de la reine. Mais alors comment se faisait-il que Catherine Seyton fut dehors, si la reine et l’autre dame étaient dans leurs chambres, et l’entrée fermée au verroux ? « Il faut que j’approfondisse à l’instant ce mystère, dit-il, et alors je remercierai miss Catherine, si c’est réellement elle, de l’usage aimable qu’elle exhortait Douglas à faire de son poignard. Il paraît qu’ils me cherchent, et ils ne me chercheront pas en vain. »

À ce moment Douglas était rentré dans le château par le guichet qui maintenant se trouvait ouvert. L’étranger était seul dans l’allée, les bras croisés sur sa poitrine, et ses yeux, portés impatiemment vers la lune, semblaient l’accuser de le trahir par l’éclat de sa lumière.

En un instant Roland Græme se trouva devant lui. « Voilà une belle nuit, dit-il, miss Catherine, pour une demoiselle qui se promène déguisée et qui rencontre des hommes dans un verger.

— Silence ! dit le page étranger ; silence, stupide étourneau ; et dis-nous en un mot si tu es ami ou ennemi.

— Comment serrai-je l’ami d’une personne qui me trompe par de belles paroles, et qui voudrait que Douglas se servît de son poignard ?

— Que l’esprit infernal emporte George de Douglas et toi aussi, étourdi, éternel brouillon ! nous serons découverts, et alors la mort nous attend.

— Catherine, vous avez usé envers moi de fourberie et de cruauté, et le moment d’une explication est arrivé ; elle ne m’échappera pas ni à vous non plus.

— Insensé ! je ne suis ni Catin ni Catherine. La lune brille assez en ce moment pour reconnaître le cerf de la biche.

— Cette défaite ne vous servira de rien, belle maîtresse, » dit le page en saisissant le par du manteau de l’étranger ; cette fois, au moins, je veux savoir à qui j’ai affaire.

— Laissez-moi, dit l’étranger en cherchant à se débarrasser des mains de Roland, et d’un ton où la colère semblait lutter avec l’envie de rire : Auriez-vous si peu de respect pour la fille des Seyton ? »