Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 14, 1838.djvu/335

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nous vous prions, en toute autre occasion, de ne pas vous déranger d’une occupation plus utile, pour rester si long-temps près de nous.

— Vous plairait-il, ajouta la dame de Lochleven, d’ordonner à ce jeune homme de nous accompagner, afin qu’il me rende compte des objets qu’on a envoyés ici pour l’usage de Votre Grâce.

— Nous ne pouvons rien vous refuser, madame, reprit la reine… Accompagne cette dame, Roland, s’il est vrai qu’il faille nos ordres pour cela. Demain nous apprendrons l’histoire des plaisirs de Kinross. Pour ce soir, nous te dispensons de ton service. »

Roland Græme partit avec la dame de Lochleven, qui ne manqua pas de lui faire bien des questions sur ce qui s’était passé aux jeux. Il fit les réponses les plus propres à détourner les soupçons qu’elle pourrait avoir sur sa disposition à favoriser la reine Marie, ayant grand soin d’ailleurs d’éviter toute allusion à l’apparition de Madeleine Græme et de l’abbé Ambroise. Enfin, après qu’il eut subi un examen assez long et assez rigoureux, on le congédia d’un ton qui, venant de la sévère et froide lady Lochleven, pouvait paraître l’expression de la faveur et de la confiance.

Son premier soin fut de se rendre à l’office, où il trouva un maître d’hôtel plus accommodant que Dryfesdale ; car celui-ci était bien disposé à s’en tenir à ce dicton de la comédie du Pudding brûlé : ceux qui,

Sur le premier appel ne se presentaient pas
Se trouvaient renvoyés jusqu’au prochain repas.

Quand Roland Græme eut fini sa légère collation, il se rendit au jardin, où il avait permission de passer ses heures de loisir. Le dessinateur avait exercé son génie dans l’arrangement des allées, de manière à tirer tout le parti possible d’un petit espace : au moyen de compartiments, soit en pierres ornées de sculptures grossières, soit en haies toujours vertes, il avait formé autant de détours variés que les bornes resserrées du lieu le permettaient.

Le jeune homme se promenait tristement en réfléchissant aux événements de la journée : il comparait ce qu’avait dit l’abbé avec ce que lui-même avait remarqué de la conduite du jeune Douglas. « Il faut qu’il en soit ainsi, » telle fut la conclusion pénible et inévitable à laquelle il arriva ; « il faut que ce soit George qui