Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 14, 1838.djvu/332

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

reçu de la reine à mon retour, afin de remarquer s’il y a quelque intelligence secrète entre nous ; il faut me tenir sur mes gardes. »

Plein de cette résolution, il entra dans le salon où la reine, assise sur une chaise, tandis que lady Fleming s’appuyait sur le dossier, tenait la dame de Lochleven debout en sa présence depuis l’espace d’une heure environ, ce qui augmentait beaucoup la mauvaise humeur, déjà très-visible, de la dame du château.

En entrant dans l’appartement, Roland Græme fît un profond salut à la reine et un autre à la dame de Lochleven, puis s’arrêta comme s’il attendait leurs questions. Elles parlèrent presque en même temps. La dame de Lochleven s’écria : « Enfin, jeune homme, vous voilà de retour ! » Et elle s’arrêta d’un air indigné, tandis que la reine continuait sans faire attention à elle. « Roland, vous êtes le bien venu chez nous. Vous vous êtes montré la colombe fidèle et non le corbeau vagabond. Néanmoins je jure que je vous aurais pardonné si, une fois hors de cette arche entourée d’eau, vous n’étiez pas revenu nous trouver. J’espère que vous rapportez une branche d’olivier, car notre bonne et digne hôtesse s’est grandement courroucée de votre longue absence, et nous n’avons jamais eu autant besoin d’un symbole de paix et de réconciliation.

— Je regrette d’avoir été retenu aussi long-temps, madame, reprit le page, mais le retard de la personne à laquelle on avait confié les objets pour lesquels j’ai été envoyé a été cause que je viens seulement de les recevoir.

— Voyez-vous maintenant, dit la reine à la dame de Lochleven ; nous ne pouvions vous persuader, notre très-chère hôtesse, que vos meubles étaient en sûreté. Il est vrai que nous pouvons excuser votre anxiété, si nous considérons que ces augustes appartements sont bien misérablement meublés : nous n’avons pas pu seulement vous offrir un siège pendant tout le temps que vous nous avez fait le plaisir de nous tenir compagnie.

— La volonté, madame, manquait plus que les moyens.

— Quoi ! » s’écria la reine en regardant autour d’elle et en affectant la surprise, « il y a donc des tabourets dans cet appartement, un, deux, pas moins de quatre en comptant celui qui est cassé. C’est un ameublement royal ! Nous ne les avions pas vus. Plaira-t-il à Votre Seigneurie de s’asseoir ?

— Non, madame, je vous débarrasserai bientôt de ma présence ; et lorsque je suis avec vous, mes membres supportent plus