Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 14, 1838.djvu/291

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temple païen dans cette contrée, permettez-moi d’appeler ainsi votre foi dans les superstitions de Rome, je serais content de périr écrasé sous ses ruines.

— Je ne veux pas insulter à votre zèle, monsieur, répliqua la reine, en vous disant que vous êtes plutôt fait pour être l’amusement des Philistins que pour les écraser : votre charité mérite mes remercîments, car elle s’exprime chaudement, et son but peut être louable ; mais pensez de moi aussi favorablement que je suis portée à penser de vous, et, croyez-le bien, mon désir de vous rappeler dans l’ancienne et la seule bonne voie n’est pas moins ardent que le zèle qui vous porte à m’enseigner ce nouveau sentier tortueux qui conduit au paradis.

— Eh bien ! madame, si telles sont vos généreuses intentions, » dit Henderson avec feu, « qui empêche de consacrer une partie de ce temps, qui malheureusement n’est que trop à la disposition de Votre Grâce, à discuter une question aussi importante ? Tout le monde sait que vous brillez par l’esprit et l’instruction ; et quoique je n’aie pas un tel avantage, je suis fort dans ma cause, et aussi solide qu’une tour. Pourquoi ne consacrerions-nous pas quelques moments à nous efforcer de découvrir qui de nous deux est dans l’erreur sur une matière aussi importante ?

— Non, dit la reine Marie, je ne présume pas assez de ma force pour accepter un combat en champ clos avec un théologien polémique : en outre, la partie n’est pas égale. Vous, monsieur, vous pourriez vous retirer lorsque vous verriez que vous allez perdre la bataille ; tandis que moi, je suis liée au poteau, et je n’ai pas la liberté de dire que le combat me fatigue. Je désire être seule. »

Elle accompagna ces mots d’un profond salut ; et Henderson, qui, malgré son zèle ardent, ne négligeait pas les bienséances, salua la reine à son tour, en se préparant à sortir.

« Je désire, ajouta-t-il, que mes souhaits ardents, mes prières zélées, puissent procurer à Votre Grâce le vrai bonheur et la vraie consolation, aussi facilement que le plus léger signe de votre volonté me porte à m’éloigner de votre présence. »

Il se retirait, lorsque Marie lui dit avec courtoisie : « Ne me faites pas injure dans votre pensée, monsieur ; il se peut, si ma détention se prolonge, ce qui, j’espère, n’arrivera pas, car mes sujets rebelles se repentiront de leur déloyauté, ou bien ceux qui me sont restés fidèles auront le dessus ; il se peut, dis-je, si