Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 14, 1838.djvu/289

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dans une aventure pour laquelle vous n’avez pas de vocation : un érudit comme vous doit connaître l’adage : Ne accesseris in consilium nisi vocatus. Qui vous a commandé cela ?

— Le maître au service duquel je suis appelé, » répondit le prédicateur en levant les yeux au ciel ; « c’est lui qui m’a commandé de déployer mon zèle pour sa cause en toute occasion.

— Vous n’avez pas été souvent en rapport, ce me semble, avec les cours et les princes, continua le jeune écuyer.

— Non, monsieur, répondit Henderson ; mais, comme mon maître Knox, je ne vois rien d’effrayant dans la jolie figure d’une belle dame.

— Mon fils, interrompit lady Lochleven, n’étouffez pas le zèle de ce brave homme, laissez-le se rendre auprès de l’infortunée princesse.

— Plus volontiers que je n’irais moi-même, » répliqua George Douglas. Mais il y avait quelque chose dans ses manières qui n’était pas d’accord avec ce qu’il disait.

Le ministre se rendit à l’appartement de la royale prisonnière et demanda une audience ; elle lui fut accordée. Il trouva Marie occupée avec ses deux dames à leur travail journalier : elles brodaient. La reine le reçut avec cette politesse qu’en pareil cas elle employait envers tous ceux qui l’approchaient, et le ministre, à son début, fut évidemment plus embarrassé qu’il ne s’y attendait : « La bonne dame de Lochleven, qu’il plaise à Votre Grâce… »

Il s’arrêta un moment, et Marie dit en souriant : « Ma Grâce serait en vérité charmée que lady Lochleven fût notre bonne dame ; mais poursuivez : quelle est la volonté de notre bonne dame de Lochleven.

— Elle désire, madame, reprit le chapelain, que Votre Grâce veuille bien permettre à votre page, à Roland Græme, de se rendre à Kinross pour s’informer de l’arrivée de quelques paquets de tapisserie, envoyés d’Édimbourg pour meubler plus convenablement l’appartement de Votre Grâce.

— Lady Lochleven, répondit la reine, emploie une cérémonie inutile, en nous demandant notre permission pour une chose qui dépend de son bon plaisir. Nous savons bien qu’on nous aurait depuis long-temps privée des services de ce jeune homme si l’on n’avait pas pensé qu’il était plus aux ordres de la bonne dame qu’aux nôtres. Mais nous consentons de grand cœur à ce qu’il s’acquitte de sa commission ; nous ne condamnerons jamais de