Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 14, 1838.djvu/282

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vous avez des doutes, comme vous les appelez dans votre orgueil, touchant les points dont les papes et les conciles ont regardé comme une impiété de douter un instant ? Votre foi n’est-elle pas chancelante, si elle n’est pas déjà renversée ? Ce prédicateur hérétique ne se glorifie-t-il pas de sa conquête ? Cette femme hérétique, notre geôlière, ne cite-t-elle pas votre exemple aux autres ? La reine et lady Fleming ne vous regardent-elles pas comme déchu ? Y a-t-il ici quelqu’un, une seule personne exceptée, et je nommerai cette personne, quelque mauvaise opinion que vous puissiez concevoir de ma bonne volonté à votre égard ; y a-t-il quelqu’un, excepté moi, qui conserve même une lueur d’espérance que vous réaliserez ce que nous pensions autrefois de vous ? »

Notre malheureux page fut frappé de confusion en apprenant ainsi ce que l’on avait attendu de lui, et en l’apprenant de la bouche de la personne qu’il aimait le plus au monde ; car aucun objet n’avait pu bannir Catherine de sa pensée depuis leur première rencontre, et il s’était encore plus attaché à elle depuis son long séjour dans le château de Lochleven. « Je ne sais pas, répliqua-t-il enfin, ce que vous attendez ou ce que vous craignez de moi. J’ai été envoyé ici pour servir la reine Marie, et je m’acquitterai de mes devoirs à la vie, à la mort. Si quelqu’un attendait de moi des services d’un autre genre, je n’étais pas homme à les rendre. Je n’approuve ni ne désapprouve les doctrines de l’Église réformée. Voulez-vous que je dise toute la vérité ? il me semble que c’est la corruption du clergé catholique qui a seule attiré ce jugement sur les têtes de nos frères : et que sais-je ? ces épreuves tourneront peut-être à leur amendement. Mais pour trahir cette malheureuse reine, Dieu sait que je ne suis pas coupable de cette pensée. Eussé-je d’elle une opinion pire que celle que je m’en suis faite, comme son serviteur ou comme son sujet, je ne la trahirais pas. Que dis-je ? bien loin de la trahir, je l’aiderais dans toutes les entreprises qui tendraient à la mettre en état de se justifier aux yeux de tous.

— Assez, assez, » répondit Catherine en joignant les mains ; « ainsi vous ne nous abandonnerez pas si l’on nous fournit les moyens de mettre notre royale maîtresse en liberté, afin qu’elle puisse soutenir la justice de sa cause contre des sujets rebelles.

— Non, belle Catherine ; mais écoutez ce que lord Murray m’a dit en m’envoyant ici.

— J’écouterais plutôt ce qu’a dit le diable que les paroles d’un