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teau et l’île paraissaient s’en approcher dans la même proportion. En peu d’instants il aborda sous l’ombrage d’un vieil arbre immense qui dominait le lieu de débarquement. Le patron et Græme sautèrent sur le rivage, tandis que les bateliers, appuyés sur leurs rames, restèrent prêts au moindre signal.


CHAPITRE XXI.

marie stuart.


Si la valeur ou l’amour du peuple pouvait prévenir tout danger, la France n’aurait jamais pleuré la mort du brave Henri de Navarre. Si l’esprit ou la beauté pouvait exciter la compassion, Rose de l’Écosse n’eût pas versé des larmes inutiles.
Lewis, Élégie composée dans un mausolée royal.


À la porte de l’enceinte extérieure du château de Lochleven, se montrait la taille majestueuse de lady Lochleven, femme dont les charmes, dans la fraîcheur de la jeunesse, avaient captivé Jacques V, qui la rendit mère du célèbre régent Murray. Comme elle était de noble naissance (étant fille de la maison de Mar) et d’une rare beauté, ses liaisons avec Jacques ne l’empêchèrent pas d’être recherchée en mariage par plusieurs seigneurs de l’époque, parmi lesquels elle accorda la préférence à sir William Douglas de Lochleven. Mais comme l’a fort bien dit le poète :

Nos vices caressés, nos passions chéries,
Seront des fouets vengeurs dans les mains des furies.

La situation où se trouvait alors lady Lochleven, comme épouse d’un homme d’un rang élevé et d’un grand crédit, comme mère d’une famille légitime, ne pouvait lui faire oublier le souvenir pénible de sa faiblesse. Toute fière qu’elle était des talents et du pouvoir de son fils, quoiqu’il fût le véritable chef de l’État, il n’en était pas moins le gage d’une coupable intimité.

Si Jacques lui avait rendu justice, disait-elle dans le secret de son cœur, elle aurait trouvé dans son fils une source de plaisir sans mélange et d’orgueil légitime, en le voyant monarque légi-