Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 14, 1838.djvu/183

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rait pris des mesures sur-le-champ pour punir une telle insolence, et il nous aurait dépêché un messager. » Le comte de Morton lui répliqua… Mais, je vous prie, Adam, de remarquer que je vous dis cela par amitié pour vous et pour votre maître, parce que vous êtes mon ancien camarade, et que sir Halbert m’a fait du bien et peut m’en faire encore : en outre je n’aime point le comte de Morton, et en effet on le craint plus qu’on ne l’aime : ainsi ce serait infâme de votre part de me trahir… « Mais, dit le comte au régent, prenez garde, milord, d’accorder trop de confiance à ce Glendinning. Il sort du sang roturier, qui ne fut jamais fidèle aux nobles ! (Par Saint-André, ce sont ses propres paroles.) D’ailleurs, dit-il, il a un frère qui est moine à Sainte-Marie : il ne marche plus que d’après ses conseils, et il se fait des amis sur la frontière, entre autres Buccleuch et Fernieherst. Il se joindra à eux lorsqu’il y aura apparence de quelque changement dans les affaires. » Le régent lui répliqua, comme un noble lord qu’il est : « Fi donc, comte ! je réponds de la fidélité de Glendinning ; et quant à son frère, c’est un visionnaire qui ne songe qu’à l’étude et à son bréviaire. Si les événements sont arrivés tels que vous les annoncez, je m’attends à recevoir de Glendinning le capuchon d’un moine pendu, et la tête d’un rustre séditieux : il en aura fait sévère et prompte justice. » Le comte de Morton quitta l’appartement, mécontent, à ce qu’il me parut. Mais depuis ce temps, milord m’a demandé plus d’une fois s’il n’était pas arrivé de messager de la part du chevalier d’Avenel. Je vous ai dit tout cela, Adam, afin que vous conformiez vos paroles à ce qui est le plus utile à votre but ; car il me semble que le régent ne sera pas content si ce que le comte de Morton annonçait est arrivé, et si votre maître n’a pas pris des mesures sévères. » Il y avait dans ce récit certains traits qui firent pâlir le hardi Adam Woodcock, malgré les secours que son audace naturelle avait reçus de l’ale brune d’Holy-Rood.

« Que voulait dire ce farouche lord Morton, par une tête de rustre ? » demanda le fauconnier mécontent à son ami.

« Non, c’était le régent qui disait que, si l’abbaye avait été dévastée, il espérait que votre maître lui enverrait la tête du chef des séditieux.

— Est-ce là l’action d’un bon protestant ? s’écria Woodcock ; ou d’un vrai lord de la congrégation ? nous étions leurs mignons lorsque nous renversions les couvents de Fife et de Perth.