Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 14, 1838.djvu/149

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bienfaits dont m’a comblé le seigneur d’Avenel, et je m’estime heureux en apprenant pour la première fois que je n’ai point eu, comme je le pensais, le malheur de ne jamais attirer son attention. Vienne seulement une occasion de remplir mon devoir et de témoigner à mon ancienne et constante bienfaitrice toute ma reconnaissance, au péril même de ma vie, et j’y cours avec joie. » Il s’arrêta.

« Ce ne sont que des paroles, jeune homme, reprit Glendinning ; de belles protestations ne sont souvent faites que pour tenir lieu de véritables services. J’ignore en quoi vous pourriez servir lady Avenel, au péril de vos jours ; mais je puis le dire, elle n’apprendra point sans plaisir que vous embrassez une carrière qui ne compromettra ni votre sûreté personnelle, ni le salut de votre âme… Pourquoi balancez-vous à accepter la protection que je vous offre ?

— La seule parente qui me reste, répondit Roland, la seule du moins que j’aie vue, m’a rejoint depuis que j’ai été congédié du château d’Avenel, et je dois m’informer d’elle-même si je puis prendre le parti que vous me proposez, ou si ses infirmités croissantes et l’obéissance que je lui dois ne me défendent pas de l’abandonner.

— Où est cette parente ? demanda sir Halbert Glendinning.

— Dans cette maison, répondit le page.

— Allez donc la chercher, reprit le chevalier d’Avenel ; vous obtiendrez sans doute plus que son approbation ; car elle serait au moins folle si elle vous la refusait. »

Roland quitta l’appartement pour rejoindre sa grand’mère ; et l’abbé entrait au moment où il sortait.

Les deux frères se revirent comme des frères qui s’aiment tendrement et ne se trouvent que rarement ensemble. Une affection mutuelle les attachait l’un à l’autre. Mais quant aux habitudes et à la manière de voir, quant à tout ce qui touchait aux désordres du temps, l’ami et le conseiller de Murray était l’opposé du prêtre catholique romain. Et à vrai dire, ils n’eussent pu vivre longtemps ensemble sans s’exposer à exciter la haine et les soupçons de leurs amis respectifs. Après qu’ils se furent cordialement embrassés, sir Halbert Glendinning se félicita d’être venu à temps pour apaiser le tumulte causé par Howleglas et ses bruyants compagnons.

« Et cependant, ajouta-t-il, quand je regarde votre habit, frère