Nous avons dit que la plupart des tenanciers habitaient dans le village, au centre de la banlieue. Cependant ceci n’était pas une règle universelle. La tour solitaire où nous allons introduire le lecteur était une des exceptions à cet usage.
Cette tour n’avait pas de grandes dimensions ; cependant elle était plus haute et plus vaste que celle du hameau, ce qui semblait montrer qu’en cas d’attaque le propriétaire ne compterait que sur ses propres forces, et nullement sur l’assistance de ses voisins. Deux ou trois misérables huttes, construites au pied de la forteresse, étaient occupées par les serfs et les tenanciers du principal feudataire. Le site était une belle colline, qui s’élevait brusquement de la gorge d’un glen sauvage et resserré ; ce glen était entouré, à l’exception d’un seul côté, par le cours sinueux d’un petit ruisseau ; et il offrait ainsi une position imposante.
Mais la plus grande sécurité de Glendearg, car c’est ainsi que l’on nommait ce point, consistait dans sa situation écartée et cachée. Pour parvenir à la tour, il fallait marcher l’espace de trois milles, toujours en suivant la direction du vallon, et traverser une vingtaine de fois la petite rivière, dont le courant capricieux rencontrait à chaque cent verges un rocher qui changeait brusquement sa direction, et le forçait de prendre une route opposée. Les collines qui s’élèvent des deux côtés de ce vallon sont très-escarpées, et avancent beaucoup sur le lit de la rivière qui se trouve ainsi emprisonnée dans des barrières infranchissables. Les flancs du glen sont impraticables pour les chevaux, et il n’y a pas