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sur la poitrine et lui appuyant sur la gorge, la pointe de son épée, lui ordonna de s’avouer vaincu. Bois-Guilbert ne répondit point.

« Laissez-lui la vie, sire chevalier, s’écria le grand-maître, qu’il puisse faire sa confession ; ne tuez pas du même coup son âme et son corps : nous le déclarons vaincu. »

Beaumanoir descendit dans l’arène, et donna ordre qu’on détachât le casque du templier. Ses yeux étaient fermés, son visage enflammé ; tout-à-coup ses yeux se rouvrirent, mais ils étaient fixes et ternes : la pâleur de la mort se répandit sur ses traits. Ce n’était pas la lance de son ennemi qui avait causé son trépas : il périssait victime de ses passions.

« C’est véritablement le jugement de Dieu, » dit le grand-maître en levant les yeux au ciel. « Fiat voluntas tua ! »


CHAPITRE XLIV et dernier.


Cela finit donc comme un conte de vieille femme.
Webster.


Quand le premier moment de surprise fut passé, Ivanhoe demanda au grand-maître, comme juge du champ-clos, s’il avait combattu avec courtoisie et loyauté.

« Oui, répondit Beaumanoir ; je déclare la jeune fille innocente et libre. Les armes et le corps du chevalier vaincu appartiennent au vainqueur.

— Je ne veux ni prendre ses dépouilles, ni livrer ses restes à l’infamie, répondit Wilfrid ; il a combattu pour la chrétienté : c’est le bras de Dieu et non une main terrestre qui aujourd’hui lui a fait mordre la poussière. Seulement, que ses obsèques ne soient que celles d’un homme qui est mort pour une querelle injuste. Quant à cette jeune fille… »

Il fut interrompu par le bruit d’une troupe nombreuse de cavaliers, tous armés de pied en cap, qui accouraient de toute la vitesse de leurs chevaux ; ils entrèrent dans la lice, et à leur tête Ivanhoe reconnut le roi Richard.

« J’arrive trop tard, » dit le roi, en promenant ses regards autour de lui : « c’était à moi qu’il appartenait de punir ce Bois-Guil-