Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 12, 1838.djvu/464

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trop étroit pour laisser passer son énorme panse, je le ferai hisser au moyen d’une corde et d’une poulie.

— Mais, mon fils, dit Édith, fais attention à son sacré caractère.

— Et vous, ma mère, faites attention à mes trois jouis de jeûne. Ils périront tous, oui, tous, sans en excepter un seul. Front-de-Bœuf a été brûlé vif pour un sujet beaucoup moins grave. Il tenait bonne table pour ses prisonniers ; seulement il y avait trop d’ail dans le dernier ragoût qu’il nous a fait servir. Mais ces hypocrites, ces ingrats coquins, ces flatteurs parasites, qui sont venus si souvent s’asseoir à ma table sans y être invités, ne m’avoir pas même donné un ragoût l’ail !!! par l’âme d’Hengist, ils périront.

— Mais le pape, mon noble ami, dit Cedric.

— Mais le diable, mon noble ami, » répliqua vivement Athelstane… « Ils mourront, et il n’en sera plus question. Quand ce seraient les plus saints personnages de la terre, le monde ira tout aussi bien sans eux.

— Fi ! noble Athelstane, dit Cedric ; oublie ces misérables, quand une carrière de gloire s’ouvre devant toi. Dis à ce prince normand, Richard d’Anjou, que tout Cœur-de-Lion qu’il est, il ne montera pas sur le trône d’Alfred sans qu’il lui soit disputé, tant qu’il existera un descendant mâle du saint roi confesseur.

— Quoi ! s’écria Athelstane, c’est en présence du noble roi Richard que je me trouve ?

— C’est Richard Plantagenet lui-même, dit Cedric ; mais je crois inutile de te faire observer que, comme il est venu ici librement et sur mon invitation, tu ne peux lui faire injure ni le retenir prisonnier. Tu sais quel devoir te lie envers un hôte.

— Oui, par ma foi, et je sais aussi quel est mon devoir envers mon roi ; et me voici prêt à lui rendre foi et hommage, en mettant de grand cœur ma main dans la sienne.

— Mon fils, dit Édith, pense aux droits que tu tiens de ta naissance.

— Prince dégénéré, dit Cedric, pense à la liberté de ton pays.

— Ma mère, mon ami, dit Athelstane, trêve, je vous prie, de représentations. Du pain et de l’eau dans un donjon sont un remède d’une merveilleuse efficacité contre les vaines fumées de l’ambition, et je sors du tombeau plus sage que je n’y étais descendu. La moitié de ces folies m’étaient souillées à l’oreille par le perfide abbé Wolfram, et vous pouvez juger maintenant si c’était là un conseiller