Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 12, 1838.djvu/455

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moins à ce qu’aucun laïque ne s’avisât de toucher au poêle qui couvrait la bière, lequel, ayant été employé aux funérailles de saint Edmond, eût été profané par un semblable attouchement. Si tous ces soins de la dévotion pouvaient être de quelque utilité au défunt, il avait droit de les attendre des moines de Saint-Edmond, puisque, outre cent marcs d’or que sa mère leur avait payés pour la rançon de l’âme de son fils, elle avait annoncé l’intention de laisser après son décès tous ses biens à ce couvent, pour assurer à son fils, à son mari et à elle-même, des prières perpétuelles.

Richard et Wilfrid suivirent Cedric le Saxon dans la chambre du mort, et leur guide leur ayant montré d’un air solennel la bière d’Athelstane moissonné avant le temps, ils suivirent son exemple s’agenouillèrent, firent le signe de la croix, et prononcèrent à voix basse une courte prière pour le repos de l’âme du défunt.

Cet acte de piété et de charité accompli, Cedric leur fit signe de le suivre, et, montant quelques marches, d’un pas grave et sans bruit, il ouvrit avec une grande précaution la porte d’un petit oratoire adjacent à la chapelle. C’était une pièce d’environ huit pieds carrés, qu’éclairaient deux barbacanes, par lesquelles les derniers rayons du soleil couchant, qui y pénétraient alors, leur firent apercevoir une femme dont la figure respectable offrait encore des traces de sa première beauté. Sa longue robe de deuil et son voile flottant de crêpe noir relevaient la blancheur de sa peau et la beauté de sa chevelure aux tresses d’or, sur laquelle le temps n’avait pas encore imprimé ses traces. Sa contenance exprimait le plus profond chagrin uni pourtant à la résignation. Sur une table de pierre placée devant elle, on voyait un crucifix en ivoire et un missel ; les marges en étaient richement enluminées, et des agrafes d’argent, ainsi que des coins de même métal, en rehaussaient encore le prix.

« Noble "dith, » dit Cedric après avoir gardé un moment le silence comme pour donner à Richard et à Wilfrid le temps de considérer la dame du château, « voilà de dignes étrangers qui viennent prendre part à tes chagrins : celui-ci spécialement est le brave chevalier qui combattit si vaillamment pour la délivrance de celui que nous pleurons en ce jour.

— Je le prie d’agréer mes remercîments, quoiqu’il ait plu à Dieu que sa valeur n’ait pu sauver mon fils, répondit la dame ; je remercie également l’étranger et son compagnon de la courtoisie qui les a portés à visiter la veuve d’Adeling, la mère d’Athelstane,