Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 12, 1838.djvu/410

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blancs au tombeau ! faut-il que, dans l’amertume de mon âme, je maudisse Dieu et que je meure !

— Frère, » dit le rabbin saisi de surprise, « tu es père en Israël, et tu oses prononcer de telles paroles ! J’espère que l’enfant de ta maison vit encore.

— Elle vit, répondit Isaac, mais comme Daniel dans la fosse aux lions où l’avait fait jeter le cruel Balthasar. Elle est captive chez les enfants de Bélial, et, sans pitié pour sa jeunesse et sa beauté, ils s’apprêtent à exercer leur cruauté sur elle. Oh ! elle était comme une couronne de palmes verdoyantes sur mes cheveux blancs ! et elle se flétrira en une nuit comme la courge de Jonas ! Enfant de mon amour ! ô Rébecca, fille de Rachel, les ténèbres de la mort t’environnent déjà.

— Tu n’as pas lu entièrement ce billet ; il nous indiquera peut-être ce que nous devons faire pour sa délivrance.

— Lis, mon frère, lis toi-même, car mes yeux sont inondés de larmes. »

Le médecin le prit et lut ce qui suit :

« À Isaac, fils d’Adonikam, que les gentils appellent Isaac d’York. Que la paix et la bénédiction de la promesse se multiplient sur toi !

« Mon père, je suis condamnée à mort pour un crime qui n’est jamais entré dans mon âme, pour le crime de sorcellerie. Si l’on peut trouver un homme vaillant qui consente à combattre pour ma défense, avec l’épée et la lance, suivant l’usage des Nazaréens, et cela dans la lice de Saint-George, sous trois jours à compter de celui-ci, le Dieu de nos pères lui donnera peut-être assez de force pour faire triompher l’innocence de celle qui ne sait où trouver aucun secours. Mais si un tel homme ne se trouve, les vierges de notre peuple peuvent dès à présent pleurer sur moi comme sur une malheureuse fille que Dieu a rejetée loin de lui, comme sur la biche qui a été frappée par le chasseur, ou comme sur la fleur qui a été coupée par la faux du moissonneur. C’est pourquoi vois ce que tu peux faire, et s’il t’est possible de me trouver un libérateur. Il y a un guerrier nazaréen qui consentirait peut-être à prendre les armes pour ma défense ; c’est Wilfrid, fils de Cedric, que les gentils appellent Ivanhoe ; mais il ne doit pas encore être en état de soutenir le poids de son armure. Néanmoins, mon père, fais-lui connaître ma position ; car il jouit d’une grande considération auprès