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— Ainsi donc, tu persistes dans ton refus de confesser ton crime, et dans l’audacieux défi que tu as fait ?

— J’y persiste, noble seigneur.

— Soit donc fait, au nom du ciel, ainsi que tu le demandes, et que Dieu fasse triompher le bon droit !

Amen ! » répondirent les précepteurs placés près du grand-maître.

Ce mot fut répété par toute l’assemblée.

« Mes frères, reprit Beaumanoir, vous n’ignorez pas que nous aurions pu refuser à cette femme le privilège du combat judiciaire ; mais, quoique juive et infidèle, elle est étrangère, elle est sans défense ; et à Dieu ne plaise que, lorsqu’elle réclame le bénéfice de nos lois protectrices, nous le lui refusions ! D’ailleurs, si nous sommes voués à l’état religieux, nous sommes aussi chevaliers et soldats, et ce serait une honte à nous de refuser le combat demandé, sous quel prétexte que ce puisse être. Voici donc l’état de la cause : Rébecca, fille d’Isaac d’York, accusée, d’après un grand nombre de faits notoires et de présomptions accablantes, du crime de sorcellerie commis sur la personne d’un noble chevalier de notre saint ordre, réclame le privilège du combat pour prouver son innocence. À qui pensez-vous, révérends frères, que nous devons remettre ce gage en le nommant notre champion ?

— À Brian de Bois-Guilbert, dit le précepteur Goodalricke. Il est plus que personne intéressé dans cette affaire, et il sait aussi mieux que personne de quel côté est la vérité et la justice.

— Mais, dit le grand-maître, si notre fière Brian est sous l’influence d’un sortilège ? Au reste, je ne parle ainsi que par prudence ; car il n’est pas dans tout notre ordre un bras auquel je confierais plus volontiers la défense de cette cause, ou de toute autre plus importante encore.

— Éminentissime père, répondit le précepteur Goodalricke, vous n’ignorez pas qu’aucun sortilège ne peut avoir d’influence sur le champion qui se présente au combat pour le jugement de Dieu.

— Cela est vrai, mon frère, répondit le grand-maître. Albert Malvoisin, remets ce gage de bataille à Brian de Bois-Guilbert. Frère, » continua-t-il en s’adressant à ce dernier, « nous n’avons d’autre recommandation à te faire que de combattre vigoureusement et en homme de courage, et de ne pas douter du triomphe de la bonne cause… Quant à toi, Rébecca, nous t’accordons trois jours, à compter de celui-ci, pour trouver un champion. Passé ce délai…