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faire admettre cette somme dans ses comptes, je veux que sainte Marie me refuse la porte du paradis si je ne mets le feu à ton abbaye, dussé-je être pendu dix ans plus tôt. »

Ce fut de plus mauvaise grâce encore qu’il n’en avait mis à écrire sa lettre à Bois-Guilbert, que le prieur écrivit la quittance qui déchargeait le Juif de six cents couronnes par lui avancées pour le paiement de sa rançon ; de laquelle somme il lui serait tenu compte en temps et lieu.

« Maintenant que ma rançon est payée, dit le prieur Aymer, je vous demande la restitution de mes mules et de mon palefroi, de mes pierreries, bijoux et vêtements, en un mot de tout ce dont on m’a dépouillé, ainsi que la liberté des révérends frères qui m’accompagnent.

— Vos révérends frères, dit Locksley, seront tout de suite mis en liberté, sire prieur ; il serait injuste de les retenir. Vos chevaux et vos mules vous seront également rendus, avec l’argent nécessaire pour vous rendre à York, car il serait cruel de vous priver des moyens de voyager ; mais quant aux bagues, bijoux, chaînes d’or et autres objets de cette espèce, il faut que vous sachiez que notre conscience est trop timorée pour que nous exposions un homme aussi vénérable que vous l’êtes, et qui doit être mort aux vanités de ce monde, à la trop dangereuse tentation d’enfreindre la règle de son ordre en se parant de ces futiles et mondains ornements.

— Prenez bien garde à ce que vous faites, mes chers maîtres, avant de porter la main sur le patrimoine de l’Église. Ces objets sont inter res sacras, ils sont au nombre des choses sacrées, et je ne sais ce qui arriverait si des mains laïques osaient y toucher.

— J’aurai soin de les mettre à l’abri de toute profanation, dit l’ermite de Copmanhurst, car je les destine à mon propre usage.

— Ami ou frère, », dit le prieur peu satisfait de cette singulière manière de lever ses scrupules, » si tu es réellement dans les ordres, je t’engage à réfléchir à ce que tu auras à répondre à ton official, concernant la part que tu as prise aux événements de ce jour.

— Ami prieur, répliqua l’ermite, il faut que tu saches que j’appartiens à un petit diocèse dont je suis moi-même l’official, et que je me soucie tout aussi peu de l’évêque d’York que de l’abbé de Jorvaulx, et du prieur, et de tout le couvent.

— Tu es tout-à-fait irrégulier, dit le prieur, tu es un de ces hommes profanes et corrompus, qui, s’étant revêtus du sacré ca-