Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 12, 1838.djvu/336

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wood, non comme un hôte, mais comme un fils, ou comme un frère.

— Cedric m’a déjà rendu riche, répondit le chevalier ; il m’a mis à même d’apprécier le courage d’un Saxon. J’irai à Rotherwood, brave Saxon, et cela avant peu ; mais en ce moment des affaires d’un intérêt pressant m’empêchent de m’y rendre. Au reste, il est possible que, lorsque j’y viendrai, je te prie de m’octroyer un don qui mettra toute ta générosité à l’épreuve.

— Il est octroyé d’avance, » dit Cedric en mettant sa main dans la main gantelée du chevalier ; « il est octroyé, quand il s’agirait de la moitié de ma fortune.

— Ne t’engage pas si légèrement, » répondit le chevalier au cadenas ; « néanmoins, j’ai grand espoir d’obtenir le don que je te demanderai. Jusque-là, adieu !

— Il me reste à vous dire, ajouta le Saxon, que, pendant les cérémonies funèbres qui auront lieu en l’honneur du noble Athelstane, j’habiterai son château de Coningsburgh. Il sera ouvert à tous ceux qui désireront prendre part au banquet ; et (je parle au nom de la noble lady Édith, mère du dernier prince saxon) il ne saurait être fermé à celui qui a combattu si vaillamment, quoique inutilement, pour délivrer Athelstane des chaînes et du glaive des Normands.

— Oui, oui, » dit Wamba, qui avait repris ses fonctions auprès de son maître, « on y fera une fameuse bombance. Il est bien dommage que le noble Athelstane ne puisse assister au banquet de ses funérailles et boire à sa propre santé. Mais, » continua-t-il en levant gravement les yeux au ciel, « il soupe ce soir en paradis, et sans doute il fait honneur au festin.

— Silence, et marchons ! » dit Cedric, mécontent de cette plaisanterie hors de saison, mais à qui le souvenir des services si récents de Wamba ne permit pas de le gronder. Lady Rowena fit un salut gracieux au chevalier Noir ; le Saxon lui souhaita tout le bonheur possible dans l’accomplissement de ses projets, et ils se mirent en marche à travers la forêt.

Ils n’étaient pas encore bien loin, qu’on vit s’avancer lentement sous les arbres une procession qui, après avoir fait le tour de l’amphithéâtre, prit la même direction que lady Rowena et son cortège. C’étaient les moines d’un couvent voisin. Dans l’espoir de l’ample donation[1] que Cedric avait promise, ces pieux cénobites avaient déposé dans un cercueil le corps d’Athelstane, et, porté sur les

  1. Sout-cat, en saxon. a. m.