Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 12, 1838.djvu/289

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Huit jours, si tu veux être patient et te conformer à mes prescriptions.

— Par la sainte Vierge ! (si ce n’est pas pécher que de prononcer son nom en ce lieu, dans les circonstances présentes, tout chevalier digne de ce nom doit désirer de ne pas rester étendu dans un lit, et si tu remplis ta promesse, jeune fille, je te donnerai plein mon casque de besants, aussitôt que j’en aurai à ma disposition.

— Je la remplirai ; et sous huit jours, à compter de celui-ci, tu pourras partir couvert de ton armure, si tu veux m’octroyer un autre don que celui que tu me promets.

— Si ce don est en mon pouvoir, et s’il est tel qu’un chevalier chrétien puisse l’octroyer à une personne de ta nation, je te l’accorderai avec plaisir et reconnaissance.

— Hé bien, c’est de croire à l’avenir qu’un juif peut rendre un bon office à un chrétien, sans attendre d’autre récompense que la bénédiction du grand Être, qui est le père commun du juif et du gentil.

— Ce serait un crime d’en douter, et je m’en repose entièrement sur ton savoir, sans nullement hésiter et sans te faire aucune autre question, bien persuadé que tu me mettras en état d’endosser ma cuirasse dans huit jours. Maintenant, mon bon et obligeant médecin, laisse-moi te demander quelques nouvelles. Que dit-on du noble saxon Cedric, de sa suite et de l’aimable lady… ? » Il s’arrêta, comme s’il eût craint de profaner le nom de Rowena en le prononçant dans la maison d’un juif. « Je veux dire de celle qui fut nommée reine du tournoi.

— Dignité à laquelle vous l’élevâtes, sire chevalier, avec un discernement qui ne fut pas moins admiré que votre valeur. »

Quoique Ivanhoe eut perdu une quantité considérable de sang, une légère rougeur vint colorer ses joues ; car il sentait qu’il avait laissé apercevoir l’intérêt qu’il prenait à lady Rowena, par les efforts même qu’il avait faits pour le cacher. « C’était moins d’elle que je voulais parler que du prince Jean, ajouta-t-il ; je voudrais bien aussi apprendre quelque chose de mon fidèle écuyer : pourquoi n’est-il pas auprès de moi ?

— Permettez-moi, répondit Rébecca, de faire usage de mon autorité, comme médecin, pour vous ordonner de garder le silence et d’éviter toutes les réflexions qui ne serviraient qu’à vous agiter tandis que je vais vous instruire de ce que vous désirez savoir. Le prince Jean a tout-à-coup fait suspendre les fêtes, et est parti en