Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 12, 1838.djvu/259

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son ancêtre l’alderman lorsqu’il attachait la sienne à son cou[1].

— Eh bien, Wamba, j’acquiesce à ta demande, à cette condition que ce ne sera pas avec moi que tu échangeras tes habits, mais avec le noble Athelstane.

— Non, de par saint Dunstan ! il n’y aurait point de raison à cela. Il n’est que trop juste que le fils de Witless s’expose pour sauver le fils de Hereward ; mais il serait peu sage à lui de mourir pour un homme dont les ancêtres sont étrangers aux siens.

— Coquin ! s’écria Cedric ; les ancêtres d’Athelstane ont régné sur l’Angleterre.

— Cela peut être ; mais mon cou est trop droit sur mes épaules pour que je me le laisse tordre pour l’amour d’eux. Ainsi donc, mon bon maître, ou acceptez vous-même mon offre, ou permettez que je quitte ce donjon aussi libre que quand j’y suis entré.

— Laisse périr le vieil arbre, reprit Cedric ; mais sauve le brillant espoir de la forêt, sauve le noble Athelstane, mon fidèle Wamba ! c’est le devoir de quiconque a du sang saxon dons les veines. Toi et moi, nous souffrirons de compagnie la rage effrénée de nos indignes oppresseurs, tandis que lui, libre et en sûreté, excitera nos concitoyens à la vengeance.

— Non, Cedric, non, mon père, » s’écria Athelstane en lui saisissant la main ; car lorsque, sortant de son indolence habituelle, il s’agissait pour lui de penser ou d’agir, ses actions et ses sentiments étaient d’accord avec sa noble origine. « Non ; j’aimerais mieux rester dans cette salle, n’ayant pour toute nourriture que la ration de pain et la mesure d’eau accordées aux prisonniers, que de devoir ma liberté à ce serf qui ne veut se dévouer que pour son maître.

— On vous qualifie d’hommes sages, seigneurs, dit Wamba, et moi je passe pour un fou : en bien ! mon oncle Cedric, et vous, mon cousin Athelstane, le fou prononcera dans cette affaire, et vous épargnera la peine de pousser plus loin vos politesses. Je suis comme la jument de John Duck, qui ne veut se laisser monter que par John Duck. Je viens pour sauver mon maître ; et s’il n’y veut pas consentir, en bien ! je m’en retournerai comme je suis venu. Un service ne se renvoie pas de l’un à l’autre comme une balle ou un volant, et je ne veux être pendu pour qui que ce soit, si ce n’est pour mon maître.

  1. Alderman, officier de police qui porte au cou une chaîne dans l’exercice de ses fonctions. a. m.