Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 12, 1838.djvu/240

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que l’état actuel de ce peuple était un état d’épreuve, et en espérant qu’un jour viendrait que les enfants de Sion seraient admis à participer avec les Gentils à la même plénitude de gloire et de prospérité. En attendant l’effet de cette promesse, tout, autour d’elle, lui démontrait que l’état actuel de sa nation était un état de châtiment et d’épreuve, et que c’était un devoir pour tout Israélite de s’y soumettre sans murmurer. Se considérant donc comme une victime dévouée au malheur, Rébecca avait réfléchi de bonne heure sur sa situation et avait fortifié son âme contre les dangers qu’elle aurait probablement à courir.

Cependant elle trembla et changea de couleur quand elle entendit des pas retentir sur l’escalier, et que, la porte de sa chambre s’ouvrant lentement, elle vit entrer un homme d’une grande taille et vêtu comme un de ces brigands auxquels elle attribuait sa captivité : son bonnet couvrait ses sourcils et cachait la partie supérieure de son visage, et il tenait son manteau croisé de manière à en couvrir la partie inférieure. Dans ce costume, et comme s’il se fût préparé à quelque action dont la seule pensée le faisait rougir, il ferma la porte, et se présenta devant sa prisonnière effrayée. Cependant, quoique son costume lui donnât l’aspect d’un brigand, il paraissait embarrassé pour expliquer le motif de sa visite, en sorte que Rébecca, faisant un effort sur elle-même, eut le temps d’anticiper sur cette explication. Elle détacha deux riches bracelets et un collier qu’elle s’empressa de lui offrir, pensant naturellement que satisfaire sa cupidité serait un moyen de se le rendre favorable.

« Prends ceci, mon ami, lui dit-elle ; et, pour l’amour de Dieu ; aie pitié de mon vieux père et de moi ! Cette parure est précieuse, mais ce n’est qu’une bagatelle auprès de ce que nous te donnerions pour obtenir de sortir en liberté de ce château et sans qu’il nous fût fait aucun mal.

— Belle fleur de la Palestine, répondit le prétendu outlaw, ces perles orientales le cèdent en blancheur à vos dents ; ces diamants sont brillants, mais ils n’ont pas l’éclat de vos yeux ; et depuis que j’ai embrassé ma profession, j’ai fait vœu de préférer la beauté aux richesses.

— Ne te fais pas tort à toi-même, répliqua Rébecca ; accepte une rançon et aie pitié de nous : l’or te procurera ce qui te manque ; nous maltraiter ne te donnera que des remords. Mon père satisfera volontiers à tous tes désirs ; et si tu es sage, tu pourras, avec de l’or que tu recevras de lui, te procurer les moyens de rentrer dans