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Hubert s’inclina, et ne reçut qu’avec une sorte de répugnance le présent de l’étranger ; et Locksley, impatient de se soustraire à l’attention générale, se mêla dans la foule et ne reparut plus. Il n’eût peut-être pas échappé aussi aisément à la vigilance du prince, si ce dernier n’avait eu d’autres sujets de méditation beaucoup plus importants.

Cependant ayant appelé son chambellan, qui donnait aux spectateurs le signal du départ, Jean lui ordonna de se rendre en toute hâte à Ashby et de chercher partout le juif Isaac. « Dis à ce chien, ajouta-t-il, de m’envoyer deux mille couronnes avant le coucher du soleil. Il connaît les sûretés que je lui donnerai ; mais tu peux encore lui offrir cet anneau comme nantissement. Le reste de la somme doit m’être apporté à York avant six jours : s’il y manque, je lui ferai couper la tête. Tu le rencontreras probablement sur la route, car cet esclave circoncis déployait ce matin devant nous, au tournoi, son faste mal acquis. »

Après avoir parlé ainsi, le prince remonta à cheval pour retourner à Ashby, tandis que la foule se retirait de tous côtés.


CHAPITRE XIV.


Lorsque, parée de sa rustique magnificence, l’ancienne chevalerie déployait la pompe de ses jeux héroïques, les chefs, la tête ornée d’un blanc panache, et les dames, étalant leurs plus riches atours, se rassemblaient au bruit du clairon dans les appartements d’un superbe palais.
Warton.


Le prince Jean donna sa somptueuse fête dans le château d’Ashby. Cet édifice n’avait rien de commun avec celui dont les ruines imposantes appellent encore les regards du voyageur, et qui fut construit long-temps après par lord Hastings, grand chambellan d’Angleterre, l’une des premières victimes de la tyrannie de Richard III, et plus connu cependant comme un des héros de Shakspeare que par sa renommée historique. La ville et le château d’Ashby appartenaient alors à Roger de Quincy, comte de Winchester, qui, à l’époque où nous plaçons le sujet de cet ouvrage, était dans la Terre-Sainte. Le prince, qui occupait son château et disposait de tous ses domaines sans aucun scrupule, cherchant à fasciner les yeux en re-