Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 12, 1838.djvu/11

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fond de cette histoire appartient à tous les temps et à tous les pays dont les écrivains ont décrit à l’envi les voyages de quelque prince qui, sous un déguisement, cherche ou l’instruction ou le plaisir, et descend parmi les plus basses classes de la société, où il devient le héros d’aventures d’autant plus piquantes pour le lecteur, qu’il y a une plus grande différence entre la situation apparente du monarque et son caractère réel. Le conteur de l’Orient a pris pour thème les expéditions nocturnes d’Aroun-al-Raschid et de ses fidèles serviteurs Mesrour et Giafar, à travers les rues de Bagdad ; et les traditions écossaises roulent sur de semblables exploits attribués au roi Jacques V, connu pendant ces excursions sous le nom de fermier de Ballengeigh, de même que le commandeur des croyants, quand il voulait rester inconnu, prenait celui de Il Bondocani. Les ménestrels français n’ont pas manqué non plus de tirer parti d’un sujet si capable de plaire au peuple. Il doit avoir existé un original, en langue normande, de la romance écossaise de Rauf Colziar dans lequel Charlemagne figure comme l’hôte inconnu d’un charbonnier. C’est probablement d’après lui qu’ont été composés d’autres poèmes du même genre.

Dans la joyeuse Angleterre, les ballades populaires sur ce sujet sont nombreuses. Le poème de John the reeve or steward (Jean, le bailli ou l’intendant), mentionné par l’évêque Percy, dans ses Reliques of english poetry[1], roule sur une pareille aventure ; nous y ajouterons le conte du Roi et le Tanneur de Tamworth, celui du Roi et le Meunier de Mansfield, et d’autres encore. Mais le conte de ce genre auquel l’auteur d’Ivanhoe a une obligation particulière, est antérieur de deux siècles à tous ceux dont on vient de parler.

Il fut d’abord communiqué au public dans les curieuses archives de la vieille littérature, qui ont été rassemblées par les soins réunis de sir Egerton Brydges et de M. Hazlewood, dans le recueil périodique intitulé : British bibliographer[2], d’où l’a tiré le révérend Charles Henry Hartshorne, éditeur d’un curieux volume intitulé : Ancient metrical tales, printed chiefly from original sources[3], 1829. M. Hartshorne, en publiant ce fragment, ne lui donne d’autre autorité que celle qu’il peut tirer de son insertion dans le Bi-

  1. Recueil de poésies anglaises a. m.
  2. Le Bibliographe anglais. a. m.
  3. Anciens contes en vers, imprimés d’après les originaux. a. m.