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le plus effroyable lieu où se réfugia jamais créature vivante, répondit l’aveugle : on l’appelle la Caverne noire de Linklater… C’est un bien triste séjour ; mais il s’y plaît plus que partout ailleurs, parce qu’il y a toujours trouvé un asile sûr. Il le préfère, j’en suis certaine, à une chambre tapissée et à un lit de duvet. Mais vous verrez cette caverne : moi aussi je l’ai vue, il y a bien long-temps. Je n’étais alors qu’une jeune folle, et je ne prévoyais guère ce qui devait arriver. N’avez-vous plus besoin de rien, monsieur, avant d’aller vous mettre au lit, car il faudra demain vous lever à la pointe du jour ? — Non, ma bonne mère, dit Morton, et ils se séparèrent.

Morton se recommanda au ciel, se jeta sur son lit, entendit, lorsqu’il n’était encore qu’assoupi, les dragons revenir de patrouille, puis enfin s’endormit profondément, malgré l’extrême agitation de son esprit.






CHAPITRE XLIII.

dangereuse entrevue.


Ils entrent dans la caverne ténébreuse, et trouvent l’homme maudit, couché par terre, sombre, et tout entier à ses tristes réflexions.
Spencer.


Dès que l’aurore brilla sur les montagnes, un faible coup fut frappé à la porte de la modeste chambre qu’occupait Morton, et une jeune fille lui demanda à voix basse s’il voulait se rendre à la caverne avant que les gens s’éveillassent.

Il se leva donc, et, s’habillant à la hâte, alla rejoindre sa petite conductrice. La jeune montagnarde marchait lestement devant lui, à travers les vallons et les montagnes couvertes de gelée blanche. La route sauvage dont ils suivaient les détours n’étaient ni un chemin régulier ni un sentier battu : elle côtoyait seulement, en le remontant, les bords d’un ruisseau. Plus ils avançaient, plus le paysage devenait triste et aride ; enfin, ils se trouvèrent au milieu de rochers et de bruyères. — Sommes-nous encore bien loin de la caverne ? demanda Morton. — À un mille environ, répondit la jeune fille ; nous y serons bientôt. — Et faites-vous souvent ce pénible voyage, ma belle enfant ? — Chaque fois que ma grand’mère m’envoie porter du lait et des provisions. — Et n’êtes-vous pas effrayée en vous trouvant seule sur de pa-