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officier qui avait servi avec son père. D’après son avis, il ne se rendit pas immédiatement à La Haye, mais il se borna à envoyer ses lettres de recommandation au stathouder.

« Notre prince, disait ce vieux soldat, doit conserver la paix avec son beau-père et votre roi Charles ; vous présenter à lui comme un Écossais mécontent, ce serait l’exposer à commettre une imprudence s’il vous accordait quelque faveur. Attendez ses ordres, sans le forcer à s’occuper de vous. De la circonspection ! point d’éclat ! Changez de nom pour le moment ; évitez la compagnie des Écossais exilés, et, croyez-moi, vous n’aurez pas à vous repentir d’avoir été prudent. »

L’ancien ami de Silas Morton raisonnait juste. Long-temps après, le prince d’Orange, traversa les Provinces-Unies, s’arrêta dans la ville où Morton, bien qu’ennuyé de son inaction et de l’incognito qu’il lui fallait garder, se résignait cependant à attendre. Dans une audience particulière qu’il lui accorda, le prince témoigna à Morton qu’il était fort satisfait de son intelligence, de sa prudence, et de la manière libérale dont il semblait envisager les plaintes et les projets des factions de son pays.

« Ce serait avec plaisir, dit Guillaume, que je vous attacherais à ma personne, mais cela pourrait déplaire à la cour d’Angleterre. Toutefois, je ferai pour vous tout ce que méritent et les nobles sentiments qui vous animent, et les recommandations que vous m’avez envoyées. Voici une lettre de service dans un régiment suisse qui est maintenant en garnison dans une province éloignée, où vous ne rencontrerez que peu ou point de vos compatriotes. Soyez toujours le capitaine Melville, et laissez de côté le nom de Morton jusqu’à un moment plus favorable. »

« Ainsi commença ma fortune, continua Morton, et mes services ont plus d’une fois fixé l’attention de Son Altesse Royale, jusqu’au jour où ce prince est devenu le libérateur et le souverain de l’Angleterre. Ses ordres doivent excuser mon silence auprès du petit nombre d’amis qui me restent en Écosse. Quant au bruit de ma mort, le naufrage du vaisseau sur lequel je m’étais embarqué l’explique assez ; et comme je n’ai jamais eu l’occasion de faire usage ni des lettres de change ni des lettres de recommandation dont ils m’avaient muni, tout devait contribuer à faire croire que j’avais péri. — Mais, cher enfant, demanda mistress Wilson, n’avez-vous donc trouvé au service du prince d’Orange aucun Écossais de votre connaissance ? J’avais toujours pensé