Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/342

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de fidélité au roi Guillaume et à la reine Marie avant qu’ils eussent eux-mêmes juré la ligue solennelle et le Covenant, la grande charte de l’Église presbytérienne, comme ils l’appelaient.

Ce parti, toujours mécontent, faisait sans cesse des protestations contre l’apostasie et les sujets de la colère divine ; et si on l’eût persécuté comme sous les règnes précédents, il aurait aussi été conduit à une rébellion ouverte. Mais comme on laissait à ces fanatiques toute liberté de tenir leurs conciliabules, de témoigner à leur gré contre l’érastianisme, le socinianisme et toutes les défections du temps, leur zèle, qui n’était pas excité par la persécution, s’éteignit graduellement ; leur nombre diminua ; il ne resta plus qu’un petit troupeau d’enthousiastes scrupuleux, austères, inoffensifs, dont le caractère est assez bien représenté par le Vieillard des Tombeaux, dont les légendes m’ont fourni la première idée de ce roman. Mais pendant les premières années de la révolution, les caméroniens continuèrent à former une secte nombreuse, exaltée dans ses opinions politiques, que le gouvernement désirait éteindre tout en n’employant contre elle, par prudence, que des moyens dilatoires. Ces hommes constituaient dans l’État un parti violent ; et les épiscopaux et les jacobites, oubliant leur ancienne animosité nationale, essayèrent à plusieurs reprises de fomenter des intrigues parmi eux, et de faire servir leur mécontentement au rétablissement de la famille des Stuarts. D’un autre côté, le gouvernement établi par la révolution était soutenu par la masse des intérêts des basses terres, où l’on penchait généralement vers un presbytérianisme modéré. Cette doctrine était professée par les mêmes hommes qui, durant la persécution des règnes précédents, s’étaient attiré l’anathème des caméroniens pour avoir accepté la déclaration de tolérance octroyée par Charles II. Tel était l’état des partis en Écosse après la révolution.

Ce fut à cette époque, et par une délicieuse soirée d’été, qu’un étranger bien monté et dont l’extérieur annonçait un militaire d’un grade élevé, descendait, par un sentier qui formait cent détours, une colline d’où la vue dominait les ruines romantiques du château de Bothwell et la Clyde, qui serpente si agréablement entre les rochers et les bois avant de disparaître derrière les tours jadis bâties par Aymer de Valence. On voyait aussi, à quelque distance, le pont de Bothwell. La rive opposée, qui, quelques années auparavant, avait été un théâtre de meurtre et