Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/341

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commotions politiques et par la double révolution opérée dans l’Église et dans l’État, reprenaient leur tranquillité ordinaire et reportaient leur attention sur leurs affaires privées, au lieu de s’occuper des affaires publiques. Les Highlanders seuls ne s’étaient pas soumis au nouvel ordre de choses. Un corps considérable de ces montagnards était en armes sous le vicomte de Dundee, que nos lecteurs ont connu jusqu’à présent sous le nom de Graham de Claverhouse ; mais l’état habituel d’agitation dans lequel ils vivaient n’affectait guère la paix générale du pays, tant que ces troubles ne dépassaient pas les limites de leur territoire. Dans les basses terres, les jacobites, vaincus à leur tour, n’attendaient plus aucun avantage de la résistance ouverte ; à leur tour, ils étaient réduits à tenir des conciliabules secrets, à former pour leur défense mutuelle des associations dont le gouvernement regardait les membres comme des conspirateurs, tandis qu’eux-mêmes criaient à la persécution.

Les whigs triomphants avaient fait du presbytérianisme la religion de l’État, et avaient rendu aux assemblées générales de l’Église toute leur influence ; mais leurs exigences n’avaient pas été poussées aussi loin que celles des caméroniens, qui étaient les plus extravagants des non-conformistes sous Charles Ier et Jacques IL Ils ne voulurent en aucune façon entendre parler de rétablir la ligue solennelle et le Covenant ; et ceux qui avaient espéré trouver dans le roi Guillaume un monarque covenantaire zélé furent grandement désappointés quand il signifia, avec le flegme qui caractérise sa nation, l’intention de tolérer toutes les formes de religion compatibles avec la sûreté de l’État. Ces principes de tolérance adoptés par le gouvernement, et dont il se faisait gloire, blessèrent au vif les exagérés du parti, qui les regardaient comme tout à fait opposés à l’Écriture. À l’appui de cette doctrine étroite, ils citaient différents textes, tous isolés, comme on l’imagine aisément, et empruntés la plupart aux livres de l’Ancien Testament où il est ordonné aux Juifs d’extirper l’idolâtrie de la terre promise. Ils se plaignaient aussi de l’influence qu’usurpaient des séculiers dans l’exercice des droits de patronage ecclésiastique ; ce qu’ils appelaient un attentat à l’honneur de l’Église. Ils censuraient et condamnaient comme entachées d’érastianisme beaucoup de mesures par lesquelles le gouvernement, depuis la révolution, montrait l’intention de s’immiscer dans les affaires ecclésiastiques ; enfin ils refusaient positivement de prêter serment