Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/337

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emporté hors de la salle par ceux qui l’y avaient apporté. Une demi-heure après il avait cessé de vivre. Il mourut avec le même courage et le même enthousiasme qu’il avait montré dans tout le cours de sa vie.

Le conseil se sépara, et Morton se retrouva dans la voiture du général Graham.

« Quelle fermeté ! quelle intrépidité admirable ! » dit Morton en réfléchissant à la conduite de Macbriar ; « quel dommage que tant de dévouement et d’héroïsme ait été mêlé au fanatisme de sa secte ! — Vous voulez parler, dit Claverhouse, de la sentence de mort qu’il avait prononcée contre vous. Il l’aurait fort bien justifiée à ses propres yeux avec un texte de l’Écriture ; comme celui-ci, par exemple : Et Phinéas se leva et il exécuta la sentence ; ou quelque autre semblable… Mais vous savez où vous vous rendez maintenant, monsieur Morton ? — Nous sommes, je crois, sur la route de Leith, répondit Morton. Ne puis-je, avant de quitter ma patrie, faire mes adieux à mes amis ? — Votre oncle, répliqua Graham, a été prévenu ; il refuse de vous voir. Le brave gentilhomme tremble, et non sans raison, que le crime de votre rébellion ne retombe sur ses terres et sur ses domaines : il vous envoie seulement sa bénédiction et une petite somme d’argent. La santé de lord Evandale continue d’être fort mauvaise. Le major Bellenden est à Tillietudlem, où il remet tout en ordre. Ces coquins d’insurgés ont fait un grand dégât parmi les vénérables objets si chers à lady Marguerite ; ils ont profané et renversé ce qu’elle appelait le trône de sa très-sacrée Majesté. Y a-t-il encore quelqu’un que vous souhaitiez voir ? »

Morton répondit avec un profond soupir : « Non… d’ailleurs cela ne servirait de rien… mais j’ai quelques préparatifs indispensables à faire avant de me mettre en route. — On a pourvu à tout, répondit le général : lord Evandale a été au-devant de tout ce qui peut vous être utile ou agréable. Voici de sa part un paquet de lettres de recommandation pour la cour du stathouder, prince d’Orange : j’y en ai moi-même ajouté deux ou trois. J’ai fait sous lui ma première campagne ; j’ai vu le feu pour la première fois à la bataille de Senef[1]. Vous trouverez aussi quelques lettres de change pour vos premiers besoins, et l’on vous en enverra d’autres à votre première demande.

  1. En août 1671. Claverhouse se distingua beaucoup dans cette bataille, où il fut nommé capitaine.