Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/333

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sauf le respect que je dois à Votre Seigneurie. — Remerciez Dieu, mon brave ami, et gardez-vous à l’avenir des mauvais conseils. Je ne vous crois pas capable de concevoir tout seul un complot de haute trahison… Expédiez-lui son pardon pur et simple, et faites avancer ce coquin qui est sur sa chaise. »

On apporta Macbriar près de la barre du tribunal.

« Étiez-vous à la bataille de Bothwell-Bridge ? » lui demanda-t-on comme à Cuddie. — « J’y étais, » répondit le prisonnier d’une voix ferme et résolue. » — « Étiez vous armé ? — Je ne l’étais pas. J’étais là en ma qualité de prédicateur de la parole de Dieu, pour encourager ceux qui tiraient l’épée pour sa cause. — En d’autres termes, pour exciter et enflammer les rebelles, dit le duc. — Vous l’avez dit. — Fort bien, continua l’interrogateur. Dites-nous si vous avez vu John Balfour de Burley parmi les combattants. Je présume que vous le connaissez ? — Je bénis Dieu de connaître Burley ; c’est un zélé et fervent chrétien. — Où et quand avez-vous vu ce pieux personnage pour la dernière fois ? — Je suis ici peur répondre pour moi-même, » répondit Macbriar avec la même intrépidité, « et non pour compromettre la sûreté des autres. — Nous savons, dit Dalzell, comment vous faire retrouver votre langue. — Si vous pouvez lui faire croire qu’il est dans un conventicule, ajouta Lauderdale, il la retrouvera sans votre secours. Allons, mon garçon, parlez pendant qu’il en est temps. Vous êtes trop jeune pour supporter les douleurs qui vous sont réservées si vous vous obstinez à vous taire. — Je vous défie, » répondit Macbriar en promenant sur ses juges un regard ferme et méprisant ; « ce ne sera pas la première fois que j’aurai souffert la captivité et la torture ; et quoique jeune encore, j’ai assez vécu pour avoir appris à mourir quand ma dernière heure sonnera. — Il est facile de mourir ; mais il y a des choses plus douloureuses qui peuvent précéder la mort, » dit Lauderdale ; et il agita une petite sonnette d’argent placée devant lui sur la table.

À ce signal une draperie cramoisie, qui recouvrait une espèce de niche ou d’enfoncement gothique, se leva, et l’on aperçut l’exécuteur des hautes-œuvres, homme d’une grande taille, d’une figure hideuse, placé derrière une table de chêne sur laquelle étaient des serre-pouces et une botte en fer, appelée la botte écossaise, dont on se servait en ces jours de tyrannie pour torturer les accusés. Morton, qui ne s’attendait pas à cet horrible spectacle, tressaillit ; mais Macbriar ne fit aucun mouvement,