Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/325

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prit : « Henri Morton, fils de Silas Morton, colonel de cavalerie au service du parlement d’Écosse, neveu et présomptif héritier de Morton de Milnwood… Éducation imparfaite, mais de l’audace au-dessus de son âge… Il excelle dans tous les exercices… Indifférent aux formes religieuses, semble pourtant incliner vers le presbytérianisme… Il a des idées exaltées et fort dangereuses sur la liberté de penser et de parler. Il flotte entre la secte des latitudinariens et celle des enthousiastes… Aimé et recherché par les jeunes gens de son âge. Modeste, tranquille, simple dans ses manières, mais d’un cœur fier et intraitable, il est… Ici, monsieur Morton, se trouvent trois croix rouges, ce qui signifie trois fois dangereux. Vous voyez qu’on vous tenait pour un personnage important… Mais que me veut cet envoyé ? »

Un cavalier s’approcha en ce moment et lui remit une lettre. Claverhouse y jeta les yeux, sourit avec dédain, et lui ordonna de dire à son maître d’envoyer ses prisonniers à Édimbourg ; qu’il n’y avait pas d’autre réponse. Le messager tourna bride, et Claverhouse dit à Morton d’une voix dédaigneuse : « C’est un de vos alliés, ou, pour mieux dire, un allié de votre bon ami Burley qui vous abandonne… Écoutez ce qu’il dit : « Mon cher monsieur, (je ne sais depuis quand nous sommes si intimes) je prie Votre Excellence d’accepter mes humbles félicitations sur la victoire » hem ! hem ! « bienheureuse remportée par l’armée de Sa Majesté. Je vous prie de croire que j’ai fait prendre les armes à mes vassaux pour arrêter les fugitifs : j’ai déjà fait plusieurs prisonniers, et j’espère en faire encore d’autres. Signé Basile Olifant. » Vous le connaissez sans doute de nom ? — N’est-ce pas un parent de lady Marguerite Bellenden ? — Oui, continua Graham, et le dernier héritier mâle de son père, quoique à un degré fort éloigné. C’est, de plus, un prétendant à la main de la belle Édith, quoique déjà il ait été éconduit comme indigne ; mais, par dessus tout, un admirateur passionné du domaine de Tillietudlem et de toutes ses dépendances. — Il prenait un mauvais moyen pour se recommander auprès de la famille de Tillietudlem, » dit Morton qui ne voulait pas exprimer ses véritables sentiments, « en entretenant des liaisons avec notre malheureux parti. — Oh ! cet excellent Basile Olifant s’accommode avec tout le monde. Il était mécontent du gouvernement, qui lui a refusé d’annuler en sa faveur le testament par lequel le feu comte de Torwood léguait tous ses domaines à sa propre fille ; il était mécontent de lady Marguerite,