Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/315

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teur ! qu’il aille à Tophet, tenant à la main droite le bouquin hideux qu’il appelle un livre de prières ! — J’élève ma voix contre lui, s’écria le frénétique Habakkuk. Comme le soleil recula de dix degrés sur le cadran pour annoncer la guérison du saint roi Ézéchias, ainsi il avancera aujourd’hui, pour que l’impie soit enlevé du milieu du peuple, et le Covenant établi dans toute sa pureté. »

Et il s’élança sur une chaise, comme un furieux, pour avancer le fatal moment en poussant l’aiguille de l’horloge. Plusieurs des fanatiques préparaient déjà leurs épées, quand la main de Mucklewrath fut arrêtée par un de ses compagnons.

« Silence ! dit-il, j’entends un bruit éloigné. — C’est, répondit un autre, le bruit du ruisseau qui coule sur les cailloux. — C’est le bruit du vent qui souffle à travers les bruyères, répliqua un troisième. — C’est le galop d’un cheval, » se dit à lui-même Morton, à qui le danger où il se trouvait donnait une plus grande finesse d’ouïe. « Plaise à Dieu que ce soient des libérateurs ! »

Le bruit approchait rapidement, et devint de plus en plus distinct.

« Ce sont des chevaux ! cria Macbriar ; regardez dehors et dites-nous qui vient là. — C’est l’ennemi, » dit celui qui, conformément à cet ordre, avait ouvert la fenêtre.

Un moment après, on entendit autour de la maison des pas de chevaux et des voix d’hommes. Les caméroniens se levèrent, quelques-uns pour s’échapper, les autres pour se défendre ; les portes et les fenêtres furent forcées au même instant, et les uniformes rouges des dragons parurent dans l’appartement.

« En avant sur ces rebelles sanguinaires ! rappelez-vous le cornette Graham, » cria-t-on de tous côtés.

Les lumières furent renversées ; mais, à la lueur douteuse du feu, les royalistes continuèrent le combat. Plusieurs coups de pistolet partirent : le whig qui se tenait à côté de Morton fut frappé d’une balle ; il tomba sur le prisonnier, l’entraîna dans sa chute, et resta étendu mourant sur son corps. Cet accident sauva probablement Morton des périls qu’il aurait courus dans une telle mêlée, où, pendant plus de cinq minutes, les coups d’épée et de pistolet se succédèrent sans interruption.

« Le prisonnier est-il sauvé ? » s’écria la voix bien connue de Claverhouse. « Qu’on le cherche, et qu’on me dépêche ce chien de whig qui est là à gémir. »

Ces deux ordres furent exécutés : un coup de sabre imposa