Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/307

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de peine pour arrêter le carnage qu’il s’en était donné pour remporter la victoire. Au milieu de cette tâche honorable, il rencontra le général Dalzell, qui exhortait les féroces Highlanders et les volontaires royalistes à montrer leur dévouement au roi et à la patrie en éteignant le feu de la rébellion dans le sang des rebelles.

« Général, s’écria-t-il, remettez votre épée dans le fourreau, je vous l’ordonne, et faites sonner la retraite. Assez de sang a été répandu : faites quartier aux sujets égarés du roi. — J’obéis à Votre Grâce, » répondit le vieux général en essuyant son épée sanglante et la remettant dans le fourreau. « Mais je vous avertis qu’on n’a pas fait assez pour intimider ces misérables rebelles. Votre Grâce n’a-t-elle pas appris que, dans l’ouest, Basile Olifant a rassemblé une troupe assez considérable de gentilshommes et de grands propriétaires, et qu’il est en marche pour se joindre à ces gens-là ? — Basile Olifant ? dit le duc, quel est cet homme ? — Le dernier héritier mâle du feu comte de Torwood. Il s’est révolté contre le gouvernement parce que ses prétentions au domaine du comte ont été repoussées au profit de lady Marguerite Bellenden. Je crois que l’espoir de reprendre cet héritage à la faveur des troubles est le motif qui lui a fait prendre les armes. — Quels que soient ses motifs, répliqua le duc, il sera bientôt forcé de disperser ses partisans, car cette armée est trop maltraitée pour se rallier. Pour la seconde fois, je vous ordonne donc de suspendre la poursuite. — Votre Grâce, répondit Dalzell, a le droit de commander et est responsable de ses ordres. » Et, avec une répugnance bien visible, il ordonna à ses troupes de cesser le carnage.

Mais le cruel et vindicatif Graham était déjà trop loin pour entendre le signal de la retraite ; à la tête de la cavalerie il continuait sa sanglante et infatigable charge, rompant, dispersant, taillant en pièces tout ce qu’il rencontrait sur son passage.

Morton et Burley, emportés tous deux loin du champ de bataille par le flot impétueux des fuyards, firent quelques efforts pour défendre les rues de la ville d’Hamilton ; mais pendant qu’ils s’efforçaient d’arrêter la fuite et de faire face à l’ennemi, Burley eut le bras droit cassé par une balle.

« Puisse la main qui a tiré ce coup se dessécher ! » s’écria-t-il ; et l’épée qu’il agitait au-dessus de sa tête retomba impuissante à son côté. « Je suis hors de combat[1]. »

  1. Cet incident et les paroles de Burley sont tirés des mémoires du temps.