Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/295

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refusent de prendre ce parti, qu’ils se tiennent sur leurs gardes, et qu’ils s’accusent eux-mêmes des conséquences. Je pense, messieurs, » ajouta-t-il en se tournant vers ses deux collègues, « que je ne puis faire davantage en faveur de ces hommes égarés. — Sur mon honneur, » répondit brusquement Dalzell, « je n’aurais jamais osé, dans mon faible jugement, aller jusque là, car j’en serais responsable envers le roi et ma conscience. Mais sans doute Votre Grâce connaît mieux les intentions particulières de Sa Majesté, que nous, qui devons nous en tenir à la lettre de nos instructions. »

Une vive rougeur couvrit le visage de Montmouth. « Vous entendez, » dit-il à Morton, « que le général Dalzell blâme l’extension qu’en votre faveur je suis disposé à donner à mes instructions. — Les sentiments du général Dalzell, milord, répliqua Morton, sont tels que nous les attendions de sa part, et ceux de Votre Grâce, tels que nous espérons que vous voudrez bien les conserver toujours. Mais je ne puis m’empêcher d’ajouter que, dans le cas de l’absolue soumission sur laquelle vous insistez, il resterait toujours fort douteux, avec de tels conseillers autour du trône, que même l’intercession de Votre Grâce pût nous procurer un soulagement réel. Cependant je communiquerai à nos chefs la réponse de Votre Grâce ; et, puisque nous ne pouvons obtenir la paix, nous courrons les chances de la guerre. — Bonjour, monsieur, dit le duc ; je suspens l’attaque pour une heure, pour une heure seulement. Si dans cet espace de temps vous avez une réponse à me rapporter, je la recevrai ici ; je désire sincèrement qu’elle soit de nature à prévenir l’effusion du sang. »

À ce moment, un sourire très-expressif fut échangé entre Dalzell et Claverhouse. Le duc le remarqua, et répéta ces paroles avec beaucoup de dignité.

« Oui, messieurs, continua-t-il, je désire que la réponse soit de nature à prévenir l’effusion du sang. J’espère que ce sentiment n’excite de votre part ni blâme ni mépris. »

Dalzell lança au duc un regard sombre, mais ne répondit rien. Claverhouse, la bouche contractée par un sourire ironique, salua en disant : « qu’il ne lui appartenait pas de juger des sentiments de Sa Grâce. »

Le duc fit signe à Morton de se retirer. Il obéit, et, accompagné de l’officier qui lui avait déjà servi d’escorte, il traversa lentement l’armée pour retourner au camp des non-conformistes. Quand il passa devant le beau régiment des gardes-du-corps, il trouva