Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/289

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du pays ; que le révérend M. Poundtext prêcherait devant l’armée le matin, et M. Kettledrummle l’après-midi ; que l’un et l’autre éviteraient les sujets qui pourraient exciter le schisme et la division, et qu’ils engageraient les soldats à résister à l’ennemi comme des frères unis pour la défense d’une bonne cause. Ces propositions conciliatoires ayant été adoptées, les deux chefs modérés en hasardèrent une autre, espérant qu’elle serait appuyée par Langeale, dont le visage était devenu extrêmement pâle en entendant les dernières nouvelles, et qu’on pouvait croire converti au parti de la modération. Il était présumable, dirent-ils, que le roi n’ayant pas confié le commandement de ses forces à un de leurs oppresseurs, mais, au contraire, ayant fait choix d’un seigneur distingué par la douceur de son caractère et bien disposé pour leur cause, on avait à leur égard de meilleures intentions que par le passé. Ils ajoutèrent qu’il était non seulement prudent, mais nécessaire, en ouvrant des communications avec le duc de Montmouth, de s’assurer s’il était ou non chargé d’instructions secrètes en leur faveur. Le seul moyen de le savoir, c’était de lui envoyer un député.

« Et qui voudra se charger de cette commission ? » dit Burley, éludant une proposition trop raisonnable pour qu’il pût s’y opposer ouvertement. « Qui voudra aller à leur camp, sachant que John Graham de Claverhouse a juré de pendre le premier parlementaire que nous leur enverrions, pour venger la mort de son jeune neveu ? — Que ce ne soit pas là un obstacle, dit Morton. Je m’exposerai volontiers à tous les risques que peut faire courir une telle mission. — Laissons-le partir, » dit Balfour bas à Macbriar, « nous en serons débarrassés. »

Cette proposition ne fut donc pas contredite par ceux qui semblaient devoir la combattre avec le plus d’opiniâtreté, et il fut convenu que Henri Morton irait au camp du duc de Montmouth, pour s’informer à quelles conditions il consentirait à traiter avec les insurgés. Aussitôt que cette résolution fut connue, plusieurs presbytériens du parti modéré vinrent trouver Morton, l’engageant à ouvrir une négociation dans le sens de la pétition remise à lord Evandale ; car l’approche de l’armée du roi répandait un effroi général que l’assurance des caméroniens, soutenue seulement de leur propre exaltation, ne pouvait calmer. Muni de ces instructions et accompagné de Cuddie, Morton partit pour le camp de l’armée royale, s’exposant à tous les dangers réservés à