Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/286

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vaudront autant pour nous qu’un vaillant général et cent cavaliers. — De tels secours conviennent-ils aux enfants du Covenant ? reprit le prédicateur ; nous n’avons déjà parmi nous que trop de ces gens plus affamés de terres, d’or et d’argent, que de la parole. Ce n’est pas par de tels défenseurs que sera accomplie l’œuvre de notre délivrance. — Tu te trompes, dit Burley ; ces hommes mondains ne seront pour nous que des instruments. À tout événement, la femme moabite sera dépouillée de son héritage, et, ni le mécréant Evandale, ni l’érastien Morton, ne possédera ce château et ces domaines, quand bien même il obtiendrait ensuite la main de sa fille. »

En parlant ainsi, il prit le chemin de Tillietudlem, où il se saisit de l’argenterie et de tout ce qui pouvait être utile à l’armée ; il pilla le chartier et les autres endroits où étaient déposés les papiers de famille, et repoussa avec mépris les remontrances de ceux qui lui rappelaient que la capitulation garantissait le respect des propriétés privées.

Burley et Macbriar, s’étant établis dans leur nouvelle conquête, furent rejoints, dans le coure de la journée, par Kettledrummle et par le laird de Langeale, que cet infatigable théologien était parvenu à détourner par ses séductions, comme disait Poundtext, de la pure lumière dans laquelle il avait été élevé. Ainsi réunis, ils envoyèrent l’invitation, ou plutôt l’ordre, audit Poundtext, de se rendre au conseil qui allait être tenu à Tillietudlem. Mais il se souvint qu’il y avait une prison dont la porte était garnie de barreaux de fer, et il résolut de ne pas confier sa liberté à ses collègues irrités. Il se retira donc, ou plutôt il s’enfuit à Hamilton, où il apporta la nouvelle que Burley, Macbriar et Kettledrummle arriveraient, sitôt qu’ils auraient réuni un corps de caméroniens suffisant pour imposer au reste de l’armée.

« Vous voyez, dit Poundtext, qu’ils auront la majorité dans le conseil ; car Langeale, quoiqu’il ait toujours passé pour un des plus honnêtes et des plus raisonnables du parti, n’a point d’opinion à lui : il est toujours du parti le plus fort. »

En terminant son récit, Poundtext poussa un profond soupir ; car il se voyait entouré d’ennemis de tous côtés ; l’armée royale, d’une part ; de l’autre, les exagérés de l’armée covenantaire.

Morton l’exhorta à la patience et au courage ; il l’informa des espérances fondées qu’il avait de négocier la paix avec de bonnes garanties par l’entremise de lord Evandale ; il le flatta du consolant