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tre ! c’est pour gagner la faveur du gouvernement, qu’il a mis en liberté mon prisonnier, je n’en doute pas, quand cette place forte qui nous a donné tant de mal nous aurait été remise en échange de sa vie. — Mais n’est-elle pas en notre pouvoir ? » dit Macbriar en regardant le donjon du château ; « ne sont-ce pas les couleurs du Covenant qui flottent sur ces murailles ? — C’est un stratagème, dit Burley, une ruse de guerre, une insulte par laquelle ils essaient de rendre notre désappointement plus amer et plus cruel. »

Il fut interrompu par l’arrivée d’un des hommes qui avaient suivi Morton, lequel venait lui annoncer l’évacuation de la place et son occupation par les insurgés. La nouvelle de ce succès, au lieu d’apaiser Burley, le rendit furieux.

« J’ai veillé, dit-il, j’ai combattu, j’ai employé la ruse ; j’ai travaillé tant que j’ai pu à réduire cette place ; j’ai négligé des entreprises plus utiles et plus glorieuses ; j’ai serré étroitement ce château, j’ai détourné les sources, j’ai fait régner dans ses murs les horreurs de la famine ; et quand les hommes étaient sur le point de se livrer à ma merci, que leurs enfants allaient devenir mes captifs, leurs filles un sujet de risée pour tout le camp, survient ce jeune homme sans barbe au menton, et il ose mettre la faucille dans ma moisson, et il arrache leur proie à ceux qui allaient la saisir ! Le salaire n’appartient-il donc plus à l’ouvrier ? la ville avec ses habitants à ceux qui l’ont prise ? — Allons, » dit Macbriar, étonné de l’extrême agitation que montrait Burley, « ne t’échauffe pas contre un enfant qui n’est pas digne de ta colère. Le ciel emploie les instruments qu’il lui plaît ; et qui sait si cet enfant… — Paix ! paix ! dit Burley, tu fais tort à ton propre jugement. C’est toi qui le premier m’as dit de me défier de ce sépulcre blanchi, de cette pièce de cuivre que j’ai prise pour de l’or. Malheur même aux élus, qui négligent les avis de vieux pasteurs tels que toi. Mais nos attachements charnels ne manquent jamais de nous égarer. Le père de cet enfant était mon ancien ami. Il faut lutter avec autant de courage que toi, Éphraïm Macbriar, quand on veut se dégager des liens et des entraves de l’humanité. »

Ce sentiment toucha sensiblement le prédicateur, d’où Burley conclut qu’il lui serait aisé de faire servir ses opinions à ses propres vues, d’autant plus qu’ils étaient tous deux parfaitement d’accord en ce qui touchait le gouvernement de l’Église.

« Rendons-nous sur-le-champ à la tour, dit-il : nous y trouverons des papiers qui, par le bon emploi que je saurai en faire,