Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/280

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bras autour du cou de sa maîtresse, lui donna un tendre baiser. Puis, détournant son cheval, il se hâta de rejoindre son maître.

« Ce drôle a le diable au corps, » dit Jenny Dennison en rajustant son bonnet ; « il a deux fois autant de malice que Tom Holliday, après tout. Me voilà, milady, me voilà !… Ciel ! ayez pitié de nous ! j’espère que la vieille lady ne nous a pas vus ! — Jenny, » dit lady Marguerite, « le jeune homme qui commandait l’escorte n’est-il pas le même que celui qui a été capitaine du Perroquet et qui ensuite fut prisonnier à Tillietudlem le matin de l’arrivée de Claverhouse ? »

Charmée que l’enquête ne se dirigeât point sur ce qui la concernait, Jenny jeta un regard sur sa maîtresse pour tâcher de découvrir si elle devait dire ou non la vérité. Mais n’apercevant aucun signe qui pût la guider, elle suivit l’instinct naturel à la suivante d’une dame, et mentit.

« Je ne crois pas que ce soit lui, milady, » répondit-elle avec autant d’assurance que si elle eût répété son catéchisme. « C’était un petit homme brun. — Il faut que vous soyez aveugle, Jenny, dit le major ; Henri Morton est grand et bien fait ; il a le teint blanc ; et c’est lui-même qui vient de nous quitter. — J’avais autre chose à faire que de passer mon temps à le regarder, » répondit Jenny en secouant la tête ; « blond ou brun, que m’importe ? — N’est-ce pas un grand bonheur, dit lady Marguerite, que nous soyons hors des mains de ce furieux et sanguinaire fanatique ? — Vous vous trompez, madame, reprit lord Evandale ; monsieur Morton ne doit être qualifié ainsi par personne, et par nous moins que par qui que ce soit. Si je vis en ce moment, si vous êtes en sûreté sous la protection de vos amis, au lieu d’être prisonnière d’un véritable fanatique et d’un homme sanguinaire, c’est uniquement au zèle, à l’activité, à l’humanité de ce jeune homme que vous le devez. »

Il fit alors un récit détaillé des événements déjà connus du lecteur, faisant valoir les services que leur avait rendus Morton, s’arrêtant avec complaisance sur le danger auquel il s’exposait dans cette circonstance, comme s’il avait été son frère, et non son rival.

« Je serais plus qu’ingrat, dit-il, si je ne rendais pas toute la justice qu’il mérite à un homme qui m’a deux fois sauvé la vie. — Je suis très disposé à bien penser d’Henri Morton, milord, répliqua le major Bellenden. J’avoue qu’il s’est noblement conduit envers vous et envers nous. Mais je ne puis juger avec autant