Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/272

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cette partie de ses sujets qui est maintenant sous les armes, non par sa propre volonté, mais parce qu’on l’y a contrainte ? — Vous jugez bien de mes sentiments, répondit lord Evandale ; mais où voulez-vous en venir ? — Permettez-moi de continuer, milord… Je vais vous mettre en liberté ; vous retournerez au château, avec un sauf-conduit pour le major, pour les dames, et pour tous ceux qu’il renferme, à condition qu’il sera immédiatement livré. Vous ne ferez en cela qu’obéir à la force des circonstances : car, avec une garnison prête à se révolter, et nulles provisions, il serait impossible de défendre le château vingt-quatre heures de plus. Ceux donc qui refuseront d’accompagner Votre Seigneurie n’auront à accuser qu’eux-mêmes de ce qui pourra leur arriver. Avec le sauf-conduit que je vous offre, vous vous rendrez tous à Édimbourg, ou en tout autre lieu où sera le duc de Montmouth. Nous espérons qu’en reconnaissance vous voudrez bien recommander à l’attention de Sa Grâce, en sa qualité de lieutenant-général d’Écosse, cette humble pétition qui expose nos griefs. Si l’on y fait droit, je réponds sur ma tête que la presque totalité des insurgés déposera les armes. »

Lord Evandale lut attentivement ce papier.

« Monsieur Morton, lui dit-il ensuite, je vois fort peu d’objections à faire à vos demandes ; bien plus, je ne doute pas que sur bien des points elles ne soient conformes aux sentiments personnels du duc de Montmouth ; et cependant, à vous parler avec franchise, je n’espère pas qu’elles vous soient accordées, à moins que, préalablement, vous ne déposiez les armes. — Les déposer, répondit Morton, ce serait reconnaître virtuellement que nous n’avons pas le droit de les prendre, et c’est ce que, pour ma part, je ne reconnaîtrai jamais. — Peut-être, reprit lord Evandale, ne peut-on pas espérer que vous consentiez à cette condition ; cependant je suis sûr que son refus fera manquer la négociation. Je n’en suis pas moins disposé à faire tout ce qui est en mon pouvoir pour ménager une réconciliation. — C’est tout ce que nous pouvons désirer. Le succès est dans les mains de Dieu, qui dispose du cœur des princes… Vous acceptez donc le sauf-conduit ? — Certainement, répondit lord Evandale ; et si je n’insiste pas sur l’obligation que je contracte envers vous, en recevant une seconde fois la vie de votre générosité, croyez que je n’en suis pas moins pénétré de gratitude. — Et la garnison de Tillietudlem ? dit Morton. — Elle abandonnera le château. Je suis convaincu