Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/247

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« Je crois, » dit John Gudyill pendant qu’il se hâtait de recharger ses pièces, « qu’ils ont trouvé les morsures de nos faucons un peu cuisantes pour eux. Ce n’est pas pour rien que le faucon siffle. »

Comme il prononçait ces mots, le sommet de la colline fut de nouveau couvert par les bataillons ennemis. Ils dirigèrent une décharge générale de leurs armes à feu contre les défenseurs du château qu’on voyait sur les fortifications. À la faveur de la fumée, une colonne de soldats armés de piques s’élança avec un courage déterminé, et essuyant avec intrépidité le feu continuel de la garnison, se fraya un chemin, en dépit des obstacles, jusqu’à la première barricade qui fermait le passage. Ils étaient conduits par Balfour lui-même, non moins brave qu’enthousiaste. Bientôt, malgré toute opposition, ils eurent forcé la barricade, tuant et blessant les soldats qui la défendaient, ou les forçant à se retirer derrière la seconde. Mais les précautions du major Bellenden rendirent ce succès inutile ; car à peine les covenantaires étaient-ils maîtres de ce poste, qu’ils y furent accablés par le feu suivi et meurtrier du château et de toutes les tours qui le dominaient. Ne pouvant se mettre à l’abri de cette grêle de balles et de boulets, les covenantaires furent obligés de se retirer avec perte ; mais ce ne fut qu’après avoir détruit la palissade avec leurs haches, de manière que les assiégés ne pussent s’y loger de nouveau.

Balfour se retira le dernier ; il resta même un instant tout seul, une hache à la main, travaillant comme un pionnier, au milieu d’une grêle de balles dont la plupart étaient dirigées contre lui. Cet échec apprit aux assiégeants que la place, outre l’avantage de sa position, était vigoureusement défendue. Néanmoins ils tentèrent une seconde attaque, et la conduisirent avec plus de précaution. Un nombreux détachement d’adroits tireurs (dont plusieurs avaient disputé le prix au jeu du Perroquet), sous les ordres de Henri Morton, se glissa à travers les bois, et, évitant de se laisser voir, se fraya à grand’peine un passage au milieu des buissons, des broussailles et des rochers. Il parvint à gagner une position d’où, sans être trop exposé, il pouvait prendre à revers la seconde barricade, tandis que Burley, chargeant de nouveau, l’attaquait de front. Les assiégés virent le danger de ce mouvement, et tâchèrent de repousser cette troupe en tirant sur elle chaque fois qu’elle se montrait. D’un autre côté, les assaillants faisaient preuve de sang-froid, de courage et d’habileté dans la