Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/242

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pas de si subtiles distinctions. Mon épée est au service du roi ; et quand il commande, je la tire pour sa cause. — Vous ne me verrez pas, j’espère, répliqua le jeune lord, moins empressé que vous-même, bien que je souhaitasse du fond du cœur que nos ennemis fussent des étrangers. Au reste, ce n’est pas le moment de discuter là-dessus ; les rebelles approchent, et nous ne devons songer qu’à nous défendre. »

En effet l’avant-garde des insurgés se montrait sur la route qui passait au haut de la colline, et s’avançait vers le château. Ils s’arrêtèrent cependant à une certaine distance, comme s’ils eussent craint, en s’approchant davantage, d’exposer leurs colonnes au feu de l’artillerie de la place. Mais leurs bataillons, qui d’abord avaient paru peu nombreux, étaient alors si profonds et si serrés, qu’à juger des masses qui couvraient la route derrière la colline par l’épaisseur de celles qu’on voyait de ce côté, les forces de l’ennemi devaient être considérables. L’inquiétude tint un moment en suspens les deux partis ; et tandis que les rangs mal formés des covenantaires, agités par l’incertitude de leurs mouvements, semblaient craindre d’avancer, leurs armes, qui, par leur diversité, présentaient un tableau pittoresque, brillaient au soleil levant dont les rayons étaient reflétés par une forêt de piques, de mousquets, de hallebardes et de haches. Cette multitude resta quelques minutes dans cet état d’incertitude ; mais enfin trois ou quatre cavaliers, qui semblaient être les chefs, sortirent de la première ligne, et gravirent un monticule un peu plus voisin du château. John Gudyill, qui n’était pas sans quelque habileté comme artilleur, pointa un canon contre cette troupe détachée.

« Je lâcherai le faucon (c’est ainsi qu’il appelait une petite pièce), quand Votre Honneur m’en donnera l’ordre ; et, sur ma foi, il leur arrachera les plumes. »

Le major regarda lord Evandale.

« Un instant, dit le jeune gentilhommme ; ils demandent à parlementer. »

En effet, un des cavaliers mit pied à terre en ce moment, et déployant un morceau d’étoffe blanche au haut d’une pique, il se dirigea vers le château, tandis que le major et lord Evandale descendirent de la tour principale pour aller au devant de lui jusqu’à la barrière, pensant que la prudence défendait de le recevoir dans l’enceinte du château qu’ils avaient résolu de défendre. Tandis que le parlementaire s’avançait, les autres cavaliers, comme s’ils