Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/176

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hommes furent tués, et lui-même n’aurait pas échappé au même sort sans un feu vif que Claverhouse, qui s’était avancé avec la seconde ligne sur le bord du fossé, dirigea si efficacement sur l’ennemi, que la cavalerie et l’infanterie reculèrent un instant, et, lord Evandale, dégagé de ce combat inégal et se voyant presque seul, saisit cette occasion pour effectuer sa retraite à travers le marécage. Mais malgré la perte qu’ils avaient éprouvée par le premier feu de Claverhouse, les insurgés s’aperçurent bientôt que l’avantage du nombre et de la position était si décidément de leur côté, que s’ils pouvaient persister à faire une résistance brève, mais résolue, les gardes-du-corps seraient inévitablement défaits. Leurs chefs volaient de rang en rang, les exhortant à tenir ferme, et leur représentant combien leur feu devait être meurtrier dans un lieu où les hommes et les chevaux y étaient exposés ; car les cavaliers, selon leur coutume, faisaient feu sans descendre de cheval. Claverhouse, plus d’une fois, quand il vit ses meilleurs cavaliers tomber sous des décharges auxquelles il ne pouvait riposter avec un égal avantage, fit des efforts désespérés pour traverser la fondrière sur différents points, et renouveler la bataille plus vigoureusement sur un terrain plus solide ; mais le feu soutenu des insurgés, joint aux difficultés naturelles du passage, arrêta partout ses tentatives.

« Il faut songer à la retraite, dit-il à Evandale, à moins que Bothwell ne puisse effectuer une diversion en notre faveur. Faites replier les hommes hors de la portée du feu, et laissez des tirailleurs derrière ces bosquets de sureau, pour tenir l’ennemi en échec. »

Après avoir accompli ces ordres, on attendit impatiemment l’apparition de Bothwell et de son parti. Mais Bothwell aussi avait à lutter contre des désavantages. Son mouvement à droite n’avait pas échappé à l’œil pénétrant de Burley, qui fit de son côté un mouvement semblable avec l’aile gauche de la cavalerie des insurgés, de sorte que lorsque Bothwell, après avoir parcouru un chemin considérable dans la vallée, trouva un endroit où l’on pouvait traverser le bourbier, quoique avec peine, il s’aperçut qu’il était encore en face d’un ennemi supérieur. Son caractère audacieux ne se découragea nullement par cette opposition inattendue.

« Suivez-moi, mes braves ! » cria-t-il à ses hommes ; « qu’il ne soit jamais dit que nous aurons tourné le dos devant ces hypocrites de têtes rondes ! »