Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/138

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l’imagination effrayée d’Édith, un caractère dur et inexorable. Tout à coup ses lèvres se comprimèrent comme d’impatience, puis se contractèrent légèrement comme s’il eût dédaigné de répondre aux arguments présentés par le major Bellenden. Le langage de son oncle paraissait être celui d’une vive instance faite avec toute la simplicité affectueuse qui lui appartenait. Mais il paraissait faire peu d’impression sur le colonel Graham, qui changea bientôt de posture comme s’il voulait couper court à l’intercession du major, et rompre la conférence par une expression polie de regret que devait accompagner un refus positif. Ce mouvement les rapprocha d’Édith, qui entendit distinctement Claverhouse dire : « C’est impossible, major Bellenden ; la clémence ici est tout à fait au-delà des bornes de ma commission, quoiqu’en toute autre circonstance je désirerais de tout mon cœur vous obliger. Et voici Evandale qui nous apporte des nouvelles, je crois. Quelles nouvelles, Evandale ? » continua-t-il en s’adressant au jeune lord, qui entrait à ce moment en uniforme complet, mais son habit en désordre et ses bottes couvertes de boue comme quelqu’un qui a fait un long trajet à cheval.

« De mauvaises nouvelles, monsieur, répondit-il : un corps nombreux de républicains est en armes dans les montagnes ; ils se sont déclarés en pleine révolte ; ils ont brûlé publiquement l’acte de suprématie qui établit l’épiscopat et ordonne de célébrer le triste anniversaire du martyre de Charles Ier ; ils ont aussi brûlé quelques autres articles et ont déclaré leur intention de rester réunis sous les armes afin de soutenir la réformation et le covenant. »

Cette nouvelle inattendue jeta dans une pénible surprise tous ceux qui l’entendirent, excepté Claverhouse.

« De mauvaises nouvelles, dites-vous ? » reprit le colonel Graham, tandis que ses yeux bruns étincelaient d’ardeur ; « ce sont les meilleures que j’aie apprises depuis six mois. Maintenant que les misérables sont réunis en corps, nous en aurons bon compte. Quand la couleuvre rampe au jour, » ajouta-t-il en frappant la terre du talon de sa botte, comme s’il écrasait un reptile nuisible, « je puis l’écraser ; elle n’est en sûreté que tant qu’elle reste dans sa tanière et dans son marais. Où sont ces misérables ? » ajouta-t-il en s’adressant à lord Evandale. — À environ dix milles dans les montagnes, en un lieu qu’on nomme Loudon-Hill, répondit le jeune noble ; j’ai dispersé le conventicule contre lequel vous m’aviez envoyé, et j’ai fait prisonnier un vieux trompette de rébel-