Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/136

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à votre avancement, et vous aurez une commission à la première place vacante. »

Bothwell exécuta cet ordre, mais d’un air de fierté mécontente ; et, dès qu’il l’eut fait il dit à haute voix : « baiser la main d’une femme ne peut jamais abaisser un gentilhomme, mais je ne baiserais pas celle d’un homme, si ce n’est celle du roi, quand je devrais être fait général. — Vous l’entendez, » dit Claverhouse en souriant, « voilà le rocher sur lequel il se brise ; il ne peut oublier sa naissance. — Je sais, mon noble colonel, » dit Bothwell sur le même ton, « que vous n’oublierez pas votre promesse ; et alors, peut-être permettrez-vous au capitaine Stuart de se rappeler son grand-père, quoique le sergent soit tenu de l’oublier. — Assez sur ce sujet, monsieur, » dit Claverhouse du ton de commandement qui lui était habituel, « et apprenez-moi quel est le rapport que vous veniez me faire. — Milord Evandale et son parti ont fait halte sur la grande route avec quelques prisonniers, dit Bothwell. — Milord Evandale ? dit lady Marguerite. Assurément, colonel Graham, vous permettrez qu’il nous honore de sa présence, et qu’il prenne part à cet humble déjeuner, surtout si l’on considère que même Sa très-sainte Majesté n’a pas passé devant la tour de Tillietudlem sans faire halte pour prendre quelques rafraîchissements. »

C’était pour la troisième fois pendant la conversation que lady Marguerite revenait à cet événement mémorable, le colonel Graham s’empressa, autant que la politesse le permit, de profiter de la première pause pour interrompre le récit, en disant : « Nous sommes déjà un trop grand nombre de convives, mais comme je sais ce que lord Evandale souffrirait (en regardant Édith) s’il était privé du plaisir dont nous jouissons, je courrai le risque d’abuser de l’hospitalité de Votre Seigneurie. Bothwell, faites savoir à lord Evandale que lady Marguerite sollicite l’honneur de sa compagnie. — Et que Harrison ait soin, ajouta lady Marguerite, que les hommes et les chevaux soient convenablement pourvus. »

Le cœur d’Édith tressaillit pendant cette conversation ; car il lui vint aussitôt à l’idée, qu’au moyen de son influence sur lord Evandale, elle parviendrait peut-être à délivrer Morton, dans le cas où l’intercession de son oncle auprès de Claverhouse serait inefficace. En tout autre temps elle aurait eu de la répugnance à profiter de son ascendant sur le lord ; car, malgré son inexpé-