Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/108

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uns d’entre eux auraient peut-être fait de moi leur garde-chasse, car je suis assez bon tireur ; quelques-uns m’auraient entretenu pour leur spadassin, car je sais bien manier le sabre, et çà et là j’en aurais trouvé un qui, à défaut de meilleure compagnie, aurait fait de moi son compagnon, puisque je puis boire mes trois bouteilles de vin. Mais je ne sais comment cela s’explique, en fait de service, et de service parmi mes parents, je préfère celui de mon cousin Charles, comme le plus honorable, quoique la paie soit mesquine et la livrée fort peu splendide. — C’est une honte, un scandale affreux ! dit lady Marguerite. Pourquoi ne pas vous adresser à Sa très-sainte Majesté ? Le roi ne peut qu’être surpris d’apprendre qu’un rejeton de son auguste famille… — Pardonnez-moi, madame, reprit le sergent, je ne suis qu’un pauvre militaire, et j’espère que vous me pardonnerez de dire que Sa très-sainte Majesté est plus occupée à greffer ses propres rejetons qu’à nourrir ceux qu’a plantés l’aïeul de son grand-père. — Eh bien, monsieur Stuart, dit lady Marguerite, il faut que vous me promettiez de restera Tillietudlem cette nuit ; j’attends demain votre officier commandant, le brave Claverhouse, à qui le roi et le pays doivent tant de reconnaissance pour ses efforts à maintenir le gouvernement. Je l’engagerai à vous accorder un rapide avancement ; et je suis certaine qu’il sentira trop bien ce qui est dû au sang qui coule dans vos veines, et à la requête d’une dame aussi éminemment distinguée par Sa très-sainte Majesté que je le suis, pour ne pas vous pourvoir mieux qu’on ne l’a encore fait. — Je suis fort obligé à Votre Seigneurie, et je resterai ici avec mon prisonnier, puisque vous me le demandez, d’autant plus que ce sera le moyen le plus prompt de le présenter au colonel Graham, et d’obtenir ses ordres précis relativement au jeune damoiseau. — Quel est ce prisonnier, je vous prie ? demanda lady Marguerite. — C’est un jeune homme du voisinage et d’un rang distingué ; il a été assez imprudent pour tendre la main à un des assassins de l’archevêque, et pour favoriser la fuite du scélérat. — Oh ! quelle indignité ! dit lady Marguerite ; je ne suis que trop portée à pardonner les injures que j’ai reçues de ces misérables, quoiqu’il y en ait, monsieur Stuart, qui ne soient pas d’un genre à être oubliées ; mais ceux qui chercheraient à protéger les auteurs d’un homicide aussi délibéré, aussi cruel, sur un homme seul, un vieillard, un archevêque, oh, l’indignité ! Si vous voulez vous assurer de lui sans causer d’embarras à vos gens, j’ordonnerai à Har-