Tandis que ces événements s’accomplissent sur un point éloigné, la fille de Saturne, Junon, envoie Iris du haut de l’Olympe vers l’audacieux Turnus. En ce moment le prince était assis à l’écart, au fond d’un vallon sacré, dans le bois de Pilumnus, son aïeul. « Turnus, lui dit-elle de sa bouche de rose, ce qu’aucun des dieux n’eût osé promettre à tes vœux, un hasard heureux vient te l’offrir en ce jour. Énée est absent : sa ville, ses compagnons, sa flotte, il a tout quitté pour se rendre au mont Palatin et à la royale demeure d’Évandre ; ce n’est pas assez : il a pénétré jusqu’aux dernières villes de Corythe ; il arme une troupe agreste de Lydiens et de pâtres. Que tardes-tu à demander tes coursiers et ton char ? Ne perds pas un moment pour t’emparer de son camp en désordre. » Elle dit, s’élève, en planant, dans les airs, et, dans sa fuite, trace dans la nue un arc immense de lumière.