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Livre neuvième




Tandis que ces événements s’accomplissent sur un point éloigné, la fille de Saturne, Junon, envoie Iris du haut de l’Olympe vers l’audacieux Turnus. En ce moment le prince était assis à l’écart, au fond d’un vallon sacré, dans le bois de Pilumnus, son aïeul. « Turnus, lui dit-elle de sa bouche de rose, ce qu’aucun des dieux n’eût osé promettre à tes vœux, un hasard heureux vient te l’offrir en ce jour. Énée est absent : sa ville, ses compagnons, sa flotte, il a tout quitté pour se rendre au mont Palatin et à la royale demeure d’Évandre ; ce n’est pas assez : il a pénétré jusqu’aux dernières villes de Corythe ; il arme une troupe agreste de Lydiens et de pâtres. Que tardes-tu à demander tes coursiers et ton char ? Ne perds pas un moment pour t’emparer de son camp en désordre. » Elle dit, s’élève, en planant, dans les airs, et, dans sa fuite, trace dans la nue un arc immense de lumière.