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Livre septième




Toi aussi, nourrice d’Énée, Caïète, tu as laissé en mourant une éternelle renommée à nos rivages ; et maintenant l’honneur rendu à ta mémoire consacre le lieu où tu reposes, et ton nom, si c’est un titre de gloire, marque la place qu’occupe ta cendre dans la grande Hespérie.

Lorsque le pieux Énée eut célébré les funérailles selon le rit accoutumé, et qu’il eut élevé le tertre du tombeau, voyant la mer calmée et aplanie, il fait déployer les voiles, et s’éloigne du port. Un vent léger souffle aux approches de la nuit ; la lune favorise la flotte de sa douce clarté, et la mer resplendit sous cette tremblante lumière.

Bientôt la flotte rase les bords de l’île où Circé, la puissante fille du Soleil, fait sans cesse résonner de ses chants des bois inaccessibles, et où, la nuit, retirée sous les toits superbes d’un palais que le cèdre odorant éclaire de sa flamme, elle promène la navette bruyante entre les fils d’une trame légère. De là, on entend les cris et les rugissements des lions irrités, qui s’agitent