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Cherchant contre le sol un reste de fraîcheur ;
Un groupe simple et beau dans sa grâce tranquille,
Que Poussin avoûrait et qu’eût aimé Virgile.

Mais voici que le soir du haut des monts descend :
L’ombre devient plus grise et va s’élargissant ;
Le ciel vert a des tons de citron et d’orange.
Le couchant s’amincit et va plier sa frange ;
La cigale se tait, et l’on n’entend de bruit
Que le soupir de l’eau qui se divise et fuit.
Sur le monde assoupi les heures taciturnes
Tordent leurs cheveux bruns mouillés des pleurs nocturnes.
À peine reste-t-il assez de jour pour voir,
Corot, ton nom modeste écrit dans un coin noir.

Nous voici replongés dans la brume et la pluie,
Sur un pavé de boue et sous un ciel de suie,
Ne voyant plus, au lieu de ces beaux horizons,
Que des angles de murs ou des toits de maisons ;
Le vent pleure, la nuit s’étoile de lanternes,
Les ruisseaux miroitants lancent des reflets ternes,
Partout des bruits de chars, des chants, des voix, des cris.
Blonde Italie, adieu ! — Nous sommes à Paris !