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Que n’ai-je, comme Faust, dans ma cellule sombre,
Contemplé sur le mur la tremblante penombre
        Du microcosme d’or !
Que n’ai-je, feuilletant cabales et grimoires,
Auprès de mon fourneau, passé les heures noires
        A chercher le trésor !

J’avais la tête forte, et j’aurais lu ton livre
Et bu ton vin amer, Science, sans être ivre
        Comme un jeune écolier.
J’aurais contraint Isis à relever son voile ;
Et du plus haut des cieux fait descendre l’étoile
        Dans mon noir atelier.

N’écoutez pas l’amour car c’est un mauvais maître ;
Aimer, c’est ignorer, et vivre c’est connaître.
        Apprenez, apprenez ;
Jetez et rejetez à toute heure la sonde ;
Et plongez plus avant sous cette mer profonde
        Que n’ont fait vos aînés.

Laissez Léviathan souffler par ses narines,
Laissez le poids des mers au fond de vos poitrines
        Presser votre poumon.
Fouillez les noirs écueils qu’on n’a pu reconnaître,
Et dans son coffre d’or vous trouverez peut-être
        L’anneau de Salomon !