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« En abordant le sol français, un choc électrique s*est fait sentir ; vous vous êtes soulevé dans votre cercueil ; vos yeux, un moment, se sont rouverts : le drapeau tricolore flottait sur le rivage, mais votre aigle n’y était pas.

« Le peuple se presse comme autrefois sur votre passage, il vous salue de ses acclamations comme si vous étiez vivant ; mais les grands du jour, tout en vous rendant hommage, disent tout bas :

« Dieu ! ne l’éveillez pas ! »

« Vous avez enfin revu ces Français que vous aimiez tant ; vous êtes revenu dans cette France que vous avez rendue si grande ; mais l’étranger y a laissé des traces que toutes les pompes de votre retour n’effaceront pas !

« Voyez cette jeune armée : ce sont les fils de vos braves ; ils vous vénèrent, car vous êtes la gloire ; mais on leur dit : « Croisez vos bras ! »

« Sire, le peuple, c’est la bonne étoffe qui couvre notre beau pays ; mais ces hommes que vous avez faits si grands et qui étaient si petits, ah ! Sire, ne les regrettez pas.